Vaurien énerve tout d’abord un peu par son apparente décontraction, par la nonchalance affectée de sa narration à trou.


Mais passé ce premier mouvement instinctif, il faut reconnaître au film une capacité hors du commun à dessiner en quelques scènes bien troussées un personnage, une ambiance (le bar, le chien), un milieu professionnel (le BTP), une relation, un mode de vie (le squat).


On peine à croire vraiment ce que l’on voit. Le réalisateur excelle à maintenir le doute sur les intentions de son personnage principal, puis, lorsque ces doutes sont levés, sur ses actions réelles. C’est dans cet entre-deux inconfortable que surgit la rayonnante Ophélie Bau, qu’on n’avait plus vu depuis Mektoub my love.


La relation qu’elle tisse avec Djé est en totale contradiction avec le reste de l’histoire, et les fantaisies semées sur notre chemin (l’incroyable arrestation chantée sur un air d’Azanavour) nous empêchent de nous inquiéter vraiment pour elle.


Peter Dourountzis propose avec ce premier film une tonalité résolument originale, dont on a hâte de voir comment elle évoluera. Pierre Deladonchamps, obsidienne opaque et rayonnante, porte le film sur ses épaules et s’avère une nouvelle fois excellent.


2000 autres critiques sur Christoblog : http://www.christoblog.net

Christoblog
7
Écrit par

Créée

le 24 juin 2021

Critique lue 204 fois

2 j'aime

Christoblog

Écrit par

Critique lue 204 fois

2

D'autres avis sur Vaurien

Vaurien
Fleming
6

D'un naturel et réalisme impressionnants

C'est un premier film et je l'ai trouvé réussi. J'ai été pris par le sujet, l'histoire, le climat. Pierre Deladonchamp est excellent dans le rôle du psychopathe. Et Ophélie Bau est charmante et...

le 31 oct. 2022

9 j'aime

Vaurien
Ismael24
8

Dans le sillage d'Hanecke

Dérangeant ? Sans aucun doute. Malsain ? Peut-être. Immoral ? Je ne sais pas. Ce qui est certain c’est que le premier film de de Peter Dourountzis frappe fort dans un registre de surcroît assez...

le 12 juin 2021

7 j'aime

Vaurien
Pout
7

Robin déboires

Vaurien est la contraction de « valoir » et « rien ». Cette révélation, aussi inattendue soit-elle (ne me remerciez pas!), est à la langue française ce que l’empathie est au spectateur de cinéma, à...

Par

le 16 déc. 2020

7 j'aime

Du même critique

Megalopolis
Christoblog
9

Magnifique, démesuré et d'une vulgarité éclatante

A quelles conditions aimerez-vous Megalopolis ?Si vous aimez les films dont rien ne dépasse, cohérent de bout en bout, maîtrisé et de bon goût, alors n'allez pas voir le dernier Coppola.Si au...

le 24 sept. 2024

40 j'aime

8

Leto
Christoblog
4

Un film sûr de sa force, et un peu creux.

Leto est un bel objet, qui plaira aux esthètes, aux journalistes de rock, aux défenseurs de Kirill Serebrennikov (le réalisateur du film, persécuté par le pouvoir russe), aux fans d'Iggy Pop, aux...

le 7 déc. 2018

38 j'aime

8

Pacifiction - Tourment sur les îles
Christoblog
2

2h45 de vie volées à chaque spectateur par ce qui se rapproche le plus de la torture au cinéma

Mes plus anciens lecteurs savent la force de mon ressentiment envers Albert Serra, depuis une séance calamiteuse du Chant des oiseaux, durant laquelle j'ai cru mourir d'ennui.Mais n'étant pas...

le 18 nov. 2022

35 j'aime

8