Dan Gilroy, réalisateur de l’excellentissime Nightcrawler ( Nightcall ), oeuvre qui pointe du doigt le lien tacite entre les médias et le public à coup de journalisme morbide,rembarque le casting de ce dernier dans son nouveau bébé, Velvet Buzzsaw, produit par Netflix. Le postula, dénoncer les enjeux financiers dans le monde de l’art.
Le duo Jake Gyllenhaal et René Russo, fusionnel et intime, est entouré d’un bien joli et talentueux casting. John Malkovich, Toni Collette, et de figure montante tel que Billy Magnussen, Natalia Dyer et Zawe Ashton. Un scénario pas banal, un casting impressionnant, un trailer énigmatique, aguicheur . Beaucoup d’ingrédients qui nous laissez espéré un deuxième Chef d’oeuvre pour Gilroy. Mais la mayonnaise ne prend pas.
Thriller plus que moderne, le long-métrage souffre surtout de sa collaboration avec Netflix. Un problème opère au niveau de la réalisation et des effets spéciaux. À différents moments du film, il y a comme un aspect “sitcom” dans la manière de montrer au public les relations entre les personnages, à d’autres, ce sont des effets spéciaux ratés, nous éjectant à la vitesse lumière dans la réalité et nous empêchant de réellement rentrer dans cet univers, à l’instar d’autres productions Netflix tel que Bird Box, the Cloverfield Paradox etc...
L’évolution du protagoniste ( Morf Vandewalt ), critique abusif de pseudos-artistes, summum de la caricature mondaine, confiant voir imbuvable, sombrant dans la folie, est un changement sacrément jouissif . On y retrouve la même manière de traiter ce milieu à travers la caméra dans Nocturnal Animals ( Tom Ford, 2016 ; Avec Jake Gyllenhaal dedans, la boucle est bouclée.)
On y parle de l'art, de la folie et de sa dangerosité. A certains moment du film, on se prend toutefois a surveiller les tableaux, grâce a une bonne mise en scène et de très beaux jeux de lumières, augmentant la tension de certains passages. Mais une certaine absence d’intérêt, la sous-exploitation de son sujet principal et la prévisibilité nous gâchent le plaisir. On tiendra toutefois jusqu’a la fin, en quête d’une réponse à toutes nos questions. En vain.
Quand la trame principale est modifiée
Malgré la bonne intention du réalisateur de traiter un sujet original, à savoir l’art Contemporain , une photographie moderne et léché, une composition musicale sobre mais plaisante, la maladresse est omniprésente, surtout sur la dernière partie. Les connexions entre les personnages sont floues et la direction d’acteurs laisse à désirer. Plus le film avance, plus la trame principale est écarté et les motivations du réalisateurs deviennent indescriptibles. Le film passe énormément de temps à se developper pour finalement nous proposer une fin expéditive. On notera toutefois le talent de Dan Gilroy pour son humour glacial, que l’on retrouvait déjà dans ces anciennes réalisations. Jouer avec les mots et les images n’est pas donnés à tout le monde, et il traite très bien le rapport entre l’art et le public. ( ex : scène de la poubelle... ). On retrouve toutefois l’extraordinaire Jake Gyllenhaal, transcendant, hanté et investi. Sa palette de jeu lui permet de se démarquer et de rendre le film intéressant à travers ses émotions et son talent.
De plus, la communication autour du film fut très bancale. Avant de le voir, je pensais lancer un film à tendance horrifique / épouvante. Il s’avère que l’intrigue et son traitement nous livre un Thriller à suspense, à la manière de A Cure for Life ( Gore Verbinski, 2017 ). Finalement, l’oeuvre de Dan Gilroy est rempli d’amour et d’envie, malheureusement très mal dosé et l’on fini par se lasser du film avant sa propre fin.
N’ayant que partiellement accroché à Velvet Buzzsaw, je vous conseille toutefois de vous rabattre sur le colossal “Nightcrawler”, qui a l’époque, n’avait reçu aucun prix, trop petite production a coté des mastodontes présent la même année .