Kill her, Mommy
Je suis le messager de Dieu ! Vous êtes condamné si vous restez ici ! Cet endroit est maudit. Maudit!! Il a une malédiction de mort. Vous êtes condamné ! Vous êtes tous condamnés !! Que le carnage...
le 26 mai 2023
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Durant la fin des années 70, le réalisateur Sean S. Cunningham et le scénariste Victor Miller s’associent pour la sortie de deux long-métrage. En mai 1978 sort d’abord Here Come the Tigers et ensuite en septembre 1978 Manny’s Orphan. Deux comédies sportive, l’une traitant du baseball et l’autre du football. Le succès ne fut pas au rendez-vous. Cunningham et Miller comprirent vite que le public ne voulait pas de comédie, il était en recherche de frissons.
Parce que ce qui ramène du monde en salle en 1978 c’est Halloween de John Carpenter. Un véritable carton qui va démocratiser le slasher auprès du grand public. Cunningham et Miller flairent le bon plan et commencent à écrire un scénario pour tirer profit du succès de Halloween.
Cunningham n’est pas étranger aux productions horrifiques, ayant lui-même produit le premier long-métrage de Wes Craven La dernière maison sur la gauche en 1972. Cunningham voulait que son film soit choquant, visuellement éprouvant, et qu’il vous force à vous accrocher à votre siège. Il le voulait différent de La dernière maison sur la gauche. Qu’il soit comme un tour de montagnes russes.
En 1980, Friday the 13th sort dans nos salles de cinéma. L’action se place à Crystal Lake, un camp de vacance désaffecté. Victor Miller voulait absolument placer les protagonistes dans un lieu où ils ne pouvaient pas s’enfuir et où ils ne pouvaient pas recevoir l’aide des adultes.
Dans un premier temps, l’action se déroule en 1958 et nous assistons à un double meurtre dans un plan subjectif (coucou Halloween). Après l’écran titre nous arrivons en 1980 où un groupe de jeune décide de rouvrir Crystal Lake un vendredi 13, jour anniversaire du double meurtre.
Dès les premières minutes on apprend que ce camp est maudit. En plus du double meurtre de 1958, un enfant a trouvé la mort en se noyant dans le lac en 1957 à cause de la négligence des moniteurs trop occuper à pratiquer le coït. En 1962, le camp devait normalement rouvrir, mais ce fut annulé à cause d’une pollution des eaux du lac. Durant des années, des feux de forêt inexplicable font leur apparitions. Le cadre est posé.
Aucun des moniteurs n’est au courant de la malédiction et ils vont tous se faire assassiner un par un. Le casting est constitué de jeunes acteurs qui attendaient leur première opportunité. Cunningham était prêt à prendre n’importe qui tant que la personne paraissait sympathique et pouvait sembler être un moniteur de camp responsable. Les acteurs devaient être beau et paraître fauché.
C’est ainsi qu’on se retrouve avec un pêle-mêle de personnage stéréotypé (pour que le public s’identifie facilement). D’abord Mark Nelson qui va devoir faire le comique de service pour cacher le sentiment d’insécurité sur le camp. Un stéréotype de personnage qui deviendra régulier dans les slashers. On notera un des premiers rôle de Kevin Bacon au cinéma qui explosera quelques années plus tard avec Footloose. C’est d’ailleurs le seul du casting à avoir fait carrière. On complète la liste des victimes avec Harry Crosby le fils de Bing Crosby, Jeannine Taylor, Laurie Bartram, Peter Brouwer, tous de belles et beaux moniteurs.
Ils seront tous égorgés, découpés, criblés de flèches un par un dans un sur-jeu le plus total. Aucun ne tire réellement son épingle du jeu et ils font ce pour quoi ils sont venus. Être beau à la caméra.
On dénombre 10 meurtres et 8 sont visibles à l’écran. C’est Tom Savini qui est appelé pour le maquillage et pour l’élaboration des meurtres. Le bonhomme a déjà travaillé deux fois avec George A. Romero, le roi des zombies.
L’effet visuel qui m’a le plus bluffé c’est la hache dans le crâne de Jeannine Taylor ou la décapitation finale. Encore aujourd’hui ce sont des effets qui tiennent la route. Savini a mit tout son savoir faire et son énergie pour des effets qui n’ont pas tellement vieilli (mis à part les égorgements).
Dans tout slasher, il faut une final girl. C’est Adrienne King qui obtient le rôle de Alice. Contrairement à tous ses copains moniteurs, King est moins dans le sur-jeu. Elle est discrète voir transparente quand elle apparaît à l’écran. Seul l’acte final la montera sous un autre jour.
Les final girls ont une charte à suivre pour les permettre de rester en vie jusqu’à la fin du film. On verra que Alice fait une final girl un peu particulière. Normalement pas de sexe, pas d’alcool, pas de drogue. Pourtant durant la partie de strip Monopoly on peut voir Alice boire de la bière et même fumer un joint de canabis. La règle est bafoué, pourtant elle va survivre grâce à une chose. Alice est vierge. Durant la partie de strip Monopoly, elle sera la seule à ne pas perdre de vêtements, elle va résister aux avances de Steve et de Bill. Elle est vierge et chaste, et sa récompense sera de survivre à la fin.
Pourquoi le sexe en particulier est diabolisé dans cette histoire ?
On apprend que le meurtrier est Pamela Voorhees, la maman du petit Jason Voorhees mort noyé en 1957. Pamela ne veut pas que Crystal Lake ouvre ses portes une fois de plus. Elle ne supporte pas avoir perdu son fils qui n’était pas surveiller par les moniteurs trop occuper à faire l’amour. Voilà pourquoi le sexe est au centre des motivations du tueur. Selon Pamela, le sexe c’est le mal, c’est ce qui a tué son fils.
Je me suis totalement fait avoir, jamais j’aurais pensé à Pamela Voorhees (ni à l’idiot du village d’ailleurs, le réalisateur a tenté de nous mettre sur cette piste). Je pensais naturellement à Jason Voorhees revenu se venger. D’ailleurs tout est fait pour nous faire croire à un homme, comment Pamela peut lever Bill, ou encore Steve à bout de bras ?...
Betsy Palmer ne voulait pas jouer Pamela Voorhees. Elle pensait que le scénario était un tas de merde et ne voulait pas jouer dans un film d’horreur. Mais au même moment elle connue des problèmes financiers et avait besoin de s’acheter une voiture. Elle accepta le rôle. Elle s’est investi dans son rôle et campe une Pamela Voorhees très convaincante.
Cunningham ne voulait pas d’une Pamela Voorhees agissant à outrance pour que le personnage soit terrifiant. Le résultat est saisissant, je crois à la folie de Pamela même si j’ai l’impression que Palmer s’en donne à cœur joie.
Quand à Miller, il a écrit le tueur comme la mère qu’il a toujours voulu. Une mère prêt à tuer pour son enfant. Il s’est amusé à transformer la maternité d’une mère en motivation de tueur.
La musique joue un rôle important dans Friday the 13th. Harry Manfredini décide de jouer la musique uniquement en présence du tueur afin de ne pas tromper le public. Il affirme que le manque de musique pour certaines scènes était délibéré. Il coupait également la musique quand quelque chose était sur le point de se produire afin de détendre le public juste avant le meurtre. Étant donné que Pamela Voorhees n'est pas présente avant l’acte finale, Manfredini avait pour tâche de créer une partition qui représenterait la meurtrière en son absence. Il s'inspira alors de Jaws où le requin n'est pas vu pour la plus grande majorité du film. Manfredini s’est basé sur le célèbre « Kill her Mommy ! » que répète sans cesse Pamela Voorhees dans l’acte final pour créer un son similaire à trois tons. En travaillant sur son echoplex, il lui est venu le son « Ki, ki, ki... Ma, ma, ma... » basé sur le « ki » de « kill » et le « ma » de « mommy ». Afin d'obtenir un son unique, Manfredini a prononcé ces deux mots aussi durement et distinctement. Le thème est devenu mémorable et iconographique.
Et je ne parle que du thème principal. La bande son dans son ensemble est très réussi. Je retiendrais le morceau de musique dans le Diner et surtout la musique de fin quand Alice se retrouve seule dans le lac. La musique qui repose enfin le spectateur et qui nous surprend dans un dernier frisson.
Le contrat est rempli, Friday the 13th surf sur le succès de Halloween et fonctionne en salle. Pour un budget de 700.000 $, le film rapporte à peu près 60.000.000 $. Un beau succès commercial, pourtant le film se fait détruire par la critique cinéma.
Friday the 13th est un slasher sympathique qui atteint presque le statut de culte. Il ne va pas briller par sa mise en scène, sa lumière ou sa photographie, ni même l’écriture (bien que le twist final soit sympathique), mais il va atteindre son statut de film culte grâce à la saga qu’il va entraîner et grâce à son futur tueur en série qui va devenir une icône des slashers.
La Paramount Pictures qui produit Friday the 13th se frotte les mains et va pouvoir faire continuer de vivre sa saga grâce à une scène bien particulière qui n’était pas prévu au montage final. Le film devait se terminer sur un happy ending avec Alice, mais Tom Savini a eu l’idée de faire revenir Jason des eaux du lac générant tout de suite des idées de suite pour les producteurs.
La majorité ne voulait pas faire revenir Jason. Ni le réalisateur Cunningham, ni Betsy Palmer, ni le scénariste Miller qui considérait Jason comme une victime dans son histoire. Mais ce sont les producteurs qui ont les derniers mots.
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Créée
le 13 oct. 2023
Critique lue 159 fois
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