The Last Dance marque le passage derrière la caméra de la Britannique Kelly Marcel, à qui nous devons le scénario de Fifty Shades of Grey (Sam Taylor-Wood, 2015) ainsi que celui des trois volets de la saga Venom. Elle confirme ici l’étendue de son talent en ajoutant une corde à son arc, ou plutôt un élastique à son string – Christian Grey oblige – tant sa mise en scène s’avère dépourvue de la moindre maîtrise formelle, revendiquerait presque une complaisance dans la dégringolade infligée à ses comédiens depuis maintenant trois films : voir Tom Hardy marcher pieds nus dans le désert, résister à un cocktail pour mieux céder à la tentation, dialoguer avec un cheval déchaîné sur une chanson du groupe Queen suscite une profonde gêne teintée de compassion. De même, la scène de danse au casino entre Madame Cheng et le monstre réussit l’exploit d’affadir « Dancing Queen », chanson que même la comédie musicale Mamma Mia (Phyllida Lloyd, 2008 puis Ol Parker, 2018) n’était pas parvenue à épuiser – c’est dire !
Dans d’interminables tunnels de dialogue sont répétés des mots tels que « clef » ou « Codex », plongeant le spectateur dans un ennui mortel que ne sauraient réveiller longtemps des séquences d’action trop brèves et insignifiantes. L’imaginaire de la Zone 51 est plaqué sur un scénario qui ne sait qu’en faire, laisse entendre des échos à d’autres œuvres bien meilleures, de Paul (Greg Mottola, 2011) aux Looney Tunes: Back in action (Joe Dante, 2003), qui cartographiait déjà le Nevada et ses mirages. Entendre beugler en permanence Venom, narrateur cynique et vulgaire des situations traversées, finit par avoir raison de notre bonne volonté, que seule réjouit la pensée qu’il s’agit là du dernier épisode d’une trilogie hideuse et vaine.