Comme un poème

Les vents d'août du Nordeste brésilien imposent leur présence immatérielle alors que la mer, sans cesse, gagne sur les plages, le sable, la terre, ensevelissant les tombes, absorbant les corps pour les rejeter plus tard, lent mouvement cyclique et lancinant, assourdissant parfois.

L'océan n'est jamais loin. C'est à sa surface que l'on vogue, dans ses profondeurs que l'on pêche, au cœur de son corail que l'on fait d'étonnantes découvertes. Les peaux brunes s'exposent au soleil, transpirent et se mêlent, sexes à nu, étreintes de fin de journée.

Court poème cinématographique troué de musique punk écoutée par Shirley sous le ciel alors que Jeison pêche, collage aux scènes peu dialoguées et parfois sibyllines, récit mystérieux aux accents mystiques dans lequel la mort rode et la mer s'impose, Ventos de Agosto semble devoir s'écouler à l'infini.

C'est alors que le burlesque s'invite et crée le décalage. Un enregistreur de vent vient étudier ce fameux vent d'août, planté là avec sa perche, désirant tout entendre, le vent bien sûr, mais aussi les paroles et le bruit des vagues...

Les documentaristes construisent d'insolites films de fiction. Gabriel Mascaro crée des passerelles entre ce qu'il voit, ce qu'il entend et ce qu'il raconte. Observateur qui écoute et capture, il devient notre œil, notre oreille, notre perception du monde. Avec lui, nous entamons un dialogue intime avec la mort et la vision que nous en avons, le film lui-même, à l'image de Jeison, cherchant des pistes et des rituels et se confrontant à l'absurde.

Tourné avec une équipe réduite et une majorité de comédiens amateurs, monté sur place, imprégné de cette région reculée du nord-est du Brésil, Ventos de Agosto conjugue naturalisme, sensualité et drôlerie dans un tempo mouvant, une simple poésie du vent, des hommes et du monde.