Un film que j'avais envie de voir, et que je ne suis pas loin d'avoir détesté. Pas pour ce qu'il raconte, qui est à la fois terrible et terriblement connu (les humains sont complexes, et peuvent s'avérer d'une connerie abyssale - je le sais depuis longtemps). Mais bien par la forme. Cette manière entre le téléfilm (caméra à l'épaule et cadrages mal assurés, éclairages crus presque tout le temps) et théâtre filmé (le jeu est proche de la caricature tant il est forcé). Cette insistance plus inutile qu'autre chose: Saartjie se fait humilier, puis elle se fait à nouveau humilier, puis elle est encore humiliée, et les bourgeois occidentaux sont concupiscents, saufs certains qui sont bons et altruistes - la plupart est un peu des deux.
Ce qu'il montre est intolérable... par le manque d'intelligence et d'imagination (en termes d'écriture), tout y est frontal et sommes toutes assez superficiel. Le plus terrible est que le film ne porte, à mon sens aucun propos singulier: le racisme, c'est mal? La soumission de force et l'humiliation c'est pas bien? La belle affaire. Il n'accorde aucune profondeur à ses personnages (et je ne parle pas de psychologie).
Durant les longs moments où j'ai pu penser à plein de choses, j'ai bien sûr pensé au Dancer in the Dark de Lars Von Trier, et si je n'aime pas ce dernier, je peux au moins lui accorder le crédit d'être inventif formellement, d'avoir de l'humour et de ne pas s'attaquer à des "histoires vraies".
Car quel sens retenir de la Vénus Noire? Pour ma part aucun. Le public qui comme nous ira voir le film est acquis à une vision humaniste et ouverte de l'existence. Alors à qui le film s'adresse-t-il?
Je crois (sans exagérer) que des films comme La couleur pourpre ou La liste de Schindler (dont je ne suis pas fan) en font plus pour rappeler la nécessité de l'empathie, que ce très très long téléfilm maladroit. Certains diront que c'est sa réussite de restituer l'opacité et le mystère que représente Saartjie; mais on peut aussi voir là un terrible échec. Et si les qualités du film qui m'ont échappées sont d'ordre théorique, je conseillerais bien au réalisateur d'écrire, plutôt que de s'acharner sur le cinéma.