“Now whose the master -- the painter or the forger?”
Essai cinématographique, prenant l’allure d’un documentaire sur le thème du mensonge dans le monde de l’art avec en personnage central le peintre Elmyr de Hory mis en lumière par son biographe, Clifford Irving.
Ce film est l’aboutissement de l’œuvre d’Orson Welles, elle lui permet d’ailleurs de répondre aux nombreuses critiques concernant ses films précédents. Il nous raconte par le biais de sa propre narration une véritable histoire à l’aide de personnages réels.
Personnages réels, histoires racontées précisément puis présentées comme fausses… Où est la vérité ? Où sont les mensonges ? Welles nous plonge littéralement dans l’incertitude.
Le début du film est un véritable bombardement d’informations. Le rythme vif au début se ralenti au fil du film amenant une certaine pesanteur au film. La fin du film, à partir de l’histoire entre Picasso et Oja Kodar (scène de voyeurisme), semble alors s’attarder bien plus sur la plastique de rêve de son actrice fétiche plutôt que sur le sujet du film.
Les scènes sur la magie mettent en scène O. Welles. Représentation du réalisateur qui est donc un véritable magicien, amenant le spectateur dans un autre monde.
Les scènes de voyeurisme mettent en scène Oja Kodar (incipit et scène avec Picasso). Le voyeurisme n’est-il pas d’ailleurs l’essence du cinéma ? N’allons-nous pas au cinéma pour voir de belles personnes (de beaux personnages ou de beaux acteurs) ?
Ce film est donc un véritable essai sur la création cinématographique, art de l’illusion qui entraine le spectateur dans l’incertitude. Le cinéma n’est-il que du faux (F for Fake) ou bien est-il dévoilement ? L’œuvre d’art est ce qui trompe absolument. Ce film amène donc une réflexion sur ce qui fait la valeur d’une œuvre et sur la sincérité des hommes.
[titre tiré d'une réplique du film American Bluff]
M.B.