L’échec progressif de Vermines tient à sa prétention de tenir un discours social trop grand pour lui, à l’image des arachnides qui finissent par ressembler aux créatures merveilleuses d’Harry Potter : le film de genre n’est pas une fin en soi, seulement un moyen par lequel chanter la fraternité de la vie en banlieue, où tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, et la haine des forces de l’ordre, pour qui aucune profondeur émotionnelle n’est offerte. La martyrologie prend le pas sur l’approche mi-réaliste mi-clipesque jusqu’alors en rigueur, et la vermine titrée mute en métaphore de la condition précaire de cette communauté soudée des banlieusards avec leur wech comme tic de langage et leurs insultes comme signes de ponctuation. Le long métrage choit alors dans une niaiserie confondante de bêtise, troquant la subtilité analogique de la fable pour la lourdeur d’une parabole assénée à coups de jumpscares. Car la mise en scène souffre de l’influence du clip : la tension monte, monte puis sursauts et coupe – défaut déjà présent, entre autres, dans le remake de Child’s Play (Lars Klevberg) en 2019.
Pour autant, nous ne saurions nier le soin porté à la photographie, qui se saisit à merveille de l’espace et de la tension au sein d’un même plan entre l’humain et l’araignée – mention spéciale à la séquence de la salle de bain, où la descente des bestioles est reflétée par le miroir, ainsi qu’à celle de l’entrée de l’immeuble, avec des tags noirs s’apparentant à des pattes d’insectes –, ainsi que l’influence du giallo, avec ses néons colorés. Non sans talent, mais desservi par une représentation naïve et outrancière de la banlieue rappelant le complaisant Athena (Romain Gavras) sorti en 2022. Sans oublier que Vermines emprunte sans scrupules – parlerons-nous d’hommage ? – à un long métrage britannique sorti en 2011, Attack the Block (Joe Cornish), dont il reprend la trame narrative et symbolique, la plupart des personnages et certaines scènes entières, en particulier celle du couloir nappé de fumigènes verts que doivent traverser les adolescents en veillant à la minuterie… Wesh.