Aracnique Ta Mère

Cafards, vers, scolopendres, guêpes, fourmis, morpions, punaises de lit, Nicolas Sarkozy; les petites bêtes font souvent de grandes psychose et de très bons sujet de films horrifiques. Si le cinéma américain s'est déjà largement inspiré de ce constat, le cinéma français est bien moins riche dans ce domaine. Après les sauterelles de La Nuée voici donc que débarque les araignées de Vermines, un film de Sébastien Vaniček qui combine avec une certaine réussite invasion animal et film de banlieue.

Vermines c'est l'histoire de Kaleb qui vit seul avec sa sœur dans l'appartement de leur mère décédée. Kaleb qui collectionne des tas de petites bestioles dans sa chambre vient tout juste d'acquérir une araignée achetée dans l'arrière boutique de l'épicier du coin. Mais lorsque l'araignée s’échappe, mute et se multiplie elle met en péril tout l'immeuble.

Si Vermines ne fera pas le bonheur des arachnologistes en revanche il devrait faire plaisir aux amateurs de petites séries B rondement menés. En effet le film utilise cette histoire d'araignées de manière fantastique, fantaisiste et même symbolique sans chercher la moindre crédibilité scientifique ou réaliste. Il faudra donc accepter qu'une petite araignée certes extrêmement venimeuse, puisse en l'espace d'une journée se démultiplier en milliers de bestioles et muter jusqu'à parfois devenir presque aussi grosse qu'une Twingo. Plutôt malin, le film nous fait passer tout ça par l'idée de l'adaptation et de la théorie de l'évolution en nous expliquant que les petites bêtes deviennent grosses, nombreuses et agressives pour survivre à l'environnement de la vie difficile en banlieue. Une fois bien calée dans l'optique d'un pur film d'invasion animal un peu couillon et bien objectivement le réalisateur réussit pleinement son pari. Tout d'abord car il est capable de mettre à l'écran de vrais moments de tension mais aussi et justement parce qu'il fait passer crème les énormités de son histoire. Que ce soit une très tendue confrontation avec une araignée dans une salle de bain ou la traversée d'un couloir infesté de bestioles avec une minuterie défaillante Sébastien Vaniček fait souvent preuve d'une redoutable efficacité dans la gestion de la tension. Le film s'appuie aussi sur un très bon casting avec des personnages vraiment attachants parmi lesquels on retrouve Théo Christine révélé par Suprême, un Jérôme Niel presque sobre, le très bon Finnegan Oldffield (Coupez – Nocturama – Gagarine); ainsi que des personnages féminins forts qui sont loin d'être secondaires avec Lisa Nyarko et Sofia Lesaffre (une vraie révélation pour moi). Avec son unité de lieu et ses enjeux simples mais forts Vermines installe une tension palpable qui joue admirablement de la nature anxiogène de ces petites bestioles. Si durant la projection vous vous grattez nerveusement le bras ou que vous regardez le sol au moindre petit bruit, c'est que vous êtes totalement dedans.

Malheureusement Vermines n'est pas dénué de défauts et s'avère notamment moins convaincant lorsque vers la fin le film penche plus vers l'action que vers la tension et le suspens. On regrettera surtout que Sébastien Vaniček ne nous épargne pas quelques clichés inhérents aux films de banlieue avec le voisin un peu bas du front et limite facho ou des flics forcément plus prompts à tabasser et gazer du jeune banlieusard qu'à comprendre l'urgence véritable de la situation. Après exception faites de ses quelques défauts, difficile de faire la fine bouche devant la générosité dont fait preuve son réalisateur.

Vermines reste une très chouette série B et même si la concurrence n'est pas bien rude sans doute le meilleur film d'invasion animal français jamais réalisé. On lui pardonnera donc son manque de réalisme puisqu'il est totalement assumé et quelques clichés pas vraiment indispensables sur la banlieue.