L'analogie entre l'histoire de nos héros de Neptune, outsiders qui ont du se battre pour affirmer leurs différences et s'en sortir, et celle de la série elle même annulée brutalement en 2007 est trop belle pour ne pas être évoquée. C'est la parfaite introduction à ce Veronica Mars Movie qui grâce à la ténacité de ses protagonistes (Rob Thomas et Kristen Bell pour ne pas les citer) et le soutien de 91 000 et quelques fans voit renaître de leurs cendres des personnages cultes qu'on pensait enterrés à jamais. On est bien contents de s'être plantés.
J'ai pour ma part découvert la série sur le tard il y a un an et demi, justement attiré par son statut de teen show culte qui ne pouvait que me plaire sur le papier en tant que nostalgique de Buffy : héroïne blonde couillue et solitaire, l'enfer du lycée : j’espérais bien y trouver une autre chronique sur le délicat passage vers l'âge adulte. Les parallèles entre les 2 séries s'arrêtent là, mais je n'en ai pas moins aimé Veronica et sa clique qui à l'instar de sa grande sœur a son propre univers, ses codes et ses qualités d'écriture. J'ai tout visionné à grande vitesse séduit par Neptune bouche des enfers de Rob Thomas et ses personnages, malins, imparfaits et terriblement attachants.
L'excitation passée après le financement record d'un film comme suite (et fin?) d'une série avortée, quelle promesse tient il?
Celle d'un plaisir immédiat tout d'abord dès l'introduction directe, maligne comme dans la série de nos souvenirs, portée par la voix off de Kristen Bell : on y retrouve d'emblée cette esthétique décalée partagée entre la série d'ados et le film noir, et nos personnages 9 ans après. Parlons en de Kristen Bell : elle EST Veronica et le personnage n'a pas du tout souffert des années : cynique, décalé et drôle à souhait, elle est une anti-héroïne comme on n'en a pas assez vu à la télévision, et sur grand écran donc.
Difficile d'en dire trop sur l'intrigue et son déroulement sans gâcher le plaisir, disons simplement que les ingrédients d'origine sont bien présents, et même étonnamment relevés : l'humour, les références (surtout au show ceci dit, Thomas s'est montré prudent sur la pop culture), l'enquête, tout est efficacement imbriqué, même si le film ressemble clairement plus à un épisode rallongé qu'un film à part entière. C'est compréhensible puisqu'il est entièrement dédié à nous donner des nouvelles des personnages et à satisfaire les fans, et ce ne sera donc pas foncièrement gênant pour eux. Ça le sera peut être plus pour les néophytes qui en attendront sans doute plus d'un film.
Parmi les bémols, l'avalanche des personnages historiques, tous ou presque convoqués pour la grande réunion des anciens : on en retrouve certains avec plaisir (le cercle fermé de l’héroïne en gros), d'autres sont plus dispensables et même si je ne doute pas des bonnes intentions on en a parfois le tournis plus occupé à tâcher de se souvenir de qui était qui : pour quelqu'un qui n'a pas vu la série depuis sa fin ce sera déjà compliqué, pour les nouveaux venus ce sera carrément chiant. Autre petit reproche, le manque d'évolution de certains personnages qu'on a pas trop voulu bousculer : ça passe pour certains (Wallace, la connasse du lycée), bien moins pour d'autres qui étaient pourtant autrement gâtés dans la série, Logan en tête. Thomas n'a pas été assez courageux globalement dans l'écriture des personnages qui semblent comme lui (et nous pour le coup, faute avouée...) trop figés dans le passé. J'aurais aimé que ça aille plus loin.
Un film qui ne fera pas renaître la série donc, mais qui remplit très honnêtement son contrat.