Vers la forêt des lucioles
7.4
Vers la forêt des lucioles

Moyen-métrage d'animation de Takahiro Omori (2011)

Quarante-cinq minutes d'évasion au milieu des Lucioles...

Parfois, il est bon de s'évader, de lâcher tout ce que l'on est en train de faire, nous humains pris dans le bain quotidien d'une routine effrénée et d'une vie exigeante, pour laisser notre esprit au gré du vent. Et loin de ces films soit brutaux, soit frappants en plein cœur et remuant notre cerveau dans tous les sens, il y a ces petites perles, discrètes et humbles, qui vous offrent un court de temps de répit, de détente. Vous pouvez votre cerveau sur le côté, appréciez ce que vous regardez d'un air reposé et heureux, et vous oubliez tous vos problèmes. Et Hotarubi no Moro e, à défaut de proposer une oeuvre qui se démarquerait réellement, nous offre trois quarts d'heures de cette évasion si agréable, et s'applique à le faire le mieux possible. Et en partant de ce postulat de film de distraction totale, on peut apprécier le tout à sa juste valeur, car ils ont bien fait leur boulot.

On ne s'attardera pas mille ans sur les graphismes qui sont pour moi dans la droite lignée de la japanimation contemporaine, au début d'une décennie apportant des dessins pleins de beauté et à l'animation sublime. Malgré tout, on s'accordera sur le fait que c'est joli. Pareil pour la bande son, réussie sans être ultime, elle prend vraiment sa place dans le film et on ne se plaint pas du tout de sa présence. Mais au fond, ce qui démarque surtout ce moyen-métrage est surtout l'ambiance qui se dégage de cet assemblement. A travers les ballades et les occupations diverses de nos deux protagonistes, on est plongés dans un monde coupé du nôtre, où tout semble tourner autrement, une sorte de féerie mystique et pourtant également très naturelle, notamment à travers les actions des personnages au comportement très humain. L'immersion prend très bien, et ça, à mes yeux, c'est toujours un très bon point, encore plus avec le postulat choisi par le film. On profite des paysages, on se laisse limite guider par les sentiers de forêt, comme des esprits qui regardent ce petit couple frétiller et s'épanouir dans ces somptueux décors. En découle une distraction et une escapade totales, qui nous fait rêver, tout comme nos deux héros vivent comme dans un rêve, une fois par an, et en dépit d'un futur peu convaincant. On sourit, on est émus, on ressent sans avoir besoin de réfléchir une seule fois, et cela est le point fort d'Hotarubi no Mori e.

Cependant, le film, bien qu'humble, a selon moi sa part de défauts, le premier étant le rythme du film. A travers un scénario pourtant attrayant par sa simplicité et l'intérêt dramatique qui ne peut qu'en poindre, on est un peu dépareillé devant l'inégalité des différentes scènes, parfois trop longues, sans être vraiment importantes. Le pire est de se rendre compte que le dénouement semble, à côté des longueurs du reste du film, vachement écourté, accéléré, et donne presque un sentiment de bâclage et de déception. Et c'est bien dommage, car quitte à prendre leur temps pour nous aider à nous évader tout le long du film, ils auraient gagné à garder cette façon de faire jusqu'à la fin, pour plus de crédibilité, et aussi pour donner plus de puissance à cette fin correcte mais qui n'apporte que trop peu de temps cette émotion forte propre à la japanimation. On la ressent malgré tout, mais avant de pouvoir verser une larme ou un sourire ému, tout semble déjà terminé, et le temps d'encaisser ce qui se passe, la dialogue de fin est déjà passé et le générique lancé. Cette inégalité m'a beaucoup frappé personnellement, mais elle est bien heureusement facile à laisser de côté grâce au reste. Ambiance mis à part, les personnages principaux sont attachants, leur relation belle, émouvante, et pleine de symboles très appréciables, et même si la route a été rocailleuse, la passer en si bonne compagnie rend le tout totalement digeste, sans aucun mal de transports à la fin.

Pour conclure, un film modeste, évasif, assez émouvant, qui contrebalance son mauvais rythme et sa fin décevante par une ambiance et une immersion à toute épreuve. Je le recommande chaudement quoiqu'il en soit, à regarder dans le calme et une paix digne d'une méditation. Et vous ne vous en sentirez qu'encore plus paisibles...

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le 13 janv. 2015

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Red Camellia

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