Ressources humaines en Haïti
Le film est situé à Haïti (Port-aux-Princes) dans les années 70, donc du temps de la dictature Duvalier. Il est inspiré de deux nouvelles de l'écrivain Dany Laferrière. Le thème principal en est le tourisme sexuel pratiqué par des femmes. Attention, même si le film est interdit aux moins de 10 ans, il n'est pas le prétexte à des scènes osées. Il aborde un sujet délicat sans complaisance. Dans un but pédagogique (trop ?) le film détaille en particulier les relations entre Ellen (Charlotte Rampling), Brenda (Karen Young) et Legba (Ménothy César) un jeune natif qui fait tourner toutes les têtes féminines, y compris celles de la ville.
Le film s'attache tour à tour à chacune des trois figures, pour faire sentir leurs motivations et leurs personnalités. Ellen puis Brenda s'adressent directement au spectateur, expliquant qu'avec l'âge et leur mode de vie urbain fondé sur le travail, leurs chances de vivre une vie sentimentale et sexuelle épanouissante diminue considérablement. Brenda est franchement désabusée voire cynique, alors qu'Ellen vient ici par sentimentalisme. C'est avec Legba qu'elle a connu les sensations qui l'obsèdent dans sa vie de tous les jours. Quant à Legba, il profite de sa condition d'objet sexuel pour vivre de façon insouciante, tout en tentant de détourner les plus jeunes de ce mode de vie. Mais à l'hôtel de luxe proche de la plage de rêve où ces dames passent leur temps, les jeunes serveuses s'amusent des péripéties de la vie « sentimentale » de Legba...
Le véritable problème est la pauvreté endémique. Pauvreté accentuée par la situation politique. Malheureusement, le film ne fait qu'effleurer ces problèmes. Ainsi, on ne voit que peu les rues de la ville, alors que de nombreuses scènes sont situées sur la plage digne d'un magazine de luxe. Laurent Cantet est un cinéaste qui préfère les ambiances intimistes aux effets chocs. Il se concentre donc sur ses personnages. Cela donne un film plutôt lent qui déçoit par rapport à ce qu'on aurait pu espérer. Bien-sûr, tout cela va virer au drame, mais il y avait matière pour un film beaucoup plus marquant. Laurent Cantet sait aborder des sujets inattendus qui ont un réel potentiel. Malgré la palme d'or pour « Entre les murs », son meilleur film à mes yeux reste « Ressources humaines ». Dans « Vers le sud » (2005 – 1h42) on retiendra le trio d'acteur-actrices irréprochables