A Haïti, à la fin des années 70, Laurent Cantet s'intéresse à ces femmes seules, anglo-saxonnes, qui profitent ou prétextent un séjour au soleil pour vivre l'extase dans les bras de jeunes indigènes. Ellen (Charlotte Rampling) et Brenda (Karen Young) sont parmi celles-là qui, d'une année à l'autre, retrouvent le beau Legba dont, entre dollars et petits cadeaux, elles se partagent les faveurs.
Dans ce décor paradisiaque pour touristes -à la fois si proche et si loin de la dictature haïtienne- l'intérêt essentiel du film repose sur les beaux rôles des deux actrices sus-nommées invoquant la question largement taboue de la libido des femmes d'un "certain âge". Avec tact, sans trivialité bien entendu, Cantet dessine deux portraits, deux attitudes et deux sensibilités. Ellen se plait à afficher un franc-parler et un cynisme d'apparence; Brenda ne cache rien de son côté fleur bleue, elle dont la relation avec Legba semble se prolonger dans un rapport mère-enfant. Mais, pas sûr que la première soit mieux armée que l'autre pour affronter
le drame qui les atteint toutes deux à la fin.
Autant Cantet est convaincant quand il exprime le désir féminin et ses manifestations, autant il se montre superficiel lorsqu'il recentre le sujet sur Legba et ses vagues démêlés avec les tueurs du régime haïtien, les tontons macoutes.
Son regard sur Haïti est incomplet, peu significatif et Legba n'existe véritablement qu'en tant qu'amant de ces dames, conformément à l'idée principale du sujet