Comme à son habitude, Lina Wertmüller charge la mule à travers ces deux personnages dont la caractérisation condense toutes les oppositions morales, sociales et politiques qui déchirent la société d'alors, et italienne plus précisément. Gennarino est donc un homme et un militant communiste issu du Sud pauvre de l'Italie. Raffaella est, quant à elle, une femme, symbole de ce nord richissime et méprisant envers les plus pauvres.
C'est en tirant cet affrontement vers l'abject (une tentative de viol) qu'à l'inverse la réalisatrice désinhibe définitivement ses deux héros. Tout ce qui les oppose provient en fait du monde moderne, de la civilisation et des codes sociaux qui l'animent.
Mariangela Melato (jamais aussi inspirée que chez Wertmüller, passant de la godiche à la vipère ou à la femme fatale avec un même brio) n'a jamais été aussi belle, le regard de Giancarlo Giannini plus ardent et le cadre de l'île jusque-là simple arrière-plan sans saveur prend des allures de jardin d'Eden à travers la photo somptueuse d'Ennio Guarnieri.
Un magnifique et bouleversant final pour un grand film.
(Revu en V.O.)