Comment traiter sans misérabilisme ou pathos du milieu des marginaux, comment dépeindre avec justesse et sensibilité ceux qu'on nomme pudiquement les SDF, exclus d'une société qui ne prête qu'aux riches, où il faut parfois se couper du monde pour se sentir exister?
C'est tout le thème de Versailles, beau film sobre et digne de Pierre Schoeller, sujet ardu s'il en est, où le réalisateur a su éviter les écueils de la sensiblerie.
Guillaume Depardieu pour son dernier rôle y est époustouflant : écorché vif, regard clair plein d'une innocence perdue, il porte encore sur le visage les marques d'une enfance qui le rend étonnamment proche de Enzo, l'enfant abandonné, petit animal rétif qui peu à peu va se laisser gagner par la douceur de l'amour et de la tendresse que ce vagabond calfeutré dans sa cabane au fond des bois lui prodigue.
Peu de paroles, des regards tristes ou heureux, des gestes tendres, une relation pleine d'empathie où le solitaire paumé retranché du monde se découvre père par la grâce d'un enfant, deux êtres unis par un lien qui s'appelle amour.
On est interpellé, troublé, ému, et on ne peut que se sentir concerné par une histoire sur laquelle planera toujours le beau regard de celui qui à sa façon fut aussi un rebelle et un exclu.