Je m’attaque ici à « Vertical Limit », un film vertigineux dans tous les sens du terme.
Et bien plus encore, car lorsqu’il était sorti au cinéma, je n’ai pas pu aller le voir pour une raison dont je ne me souviens plus. La chose a été réparée deux ans après lorsqu’il est passé à la télé, lorsque j’étais en 4ème. La troisième fois que je l’ai vu (encore à la télé !), c’était quand j’étais en 2nde. Et depuis qu’il est repassé à la télé, j’ai pu l’enregistrer et le passer sur mon disque dur externe (il y a une dizaine d’années). Et depuis, c’est vrai, je le regarde environ une fois tous les deux ans.
Il m’est donc aujourd’hui difficile d’écrire une critique sur ce film que j’ai découvert lorsque j’avais la douzaine.
Tout d’abord, il s’agit d’un film américain typique des 90’s dans toute sa splendeur et ses clichés. Et je peux même vous assurer qu’il s’agit d’un des meilleurs de Martin Campbell !, le fameux réalisateur qui a planché sur le très négligeable « Casino royale » (voir ma critique sur ledit film pour plus d’explications).
« Vertical limit », synopsis : un frère et une sœur, férus d’alpinisme, ne se parlent plus depuis un accident de cordée qui a valu le décès de leur père. Lorsque l’un est devenu photoreporter et l’autre guide de haute montagne, ils se retrouvent par hasard au pied du K2. Il va lui souhaiter bonne chance pour l’ascension qu’un milliardaire organise, mais rien ne se passe comme prévu… .
Tan-tan-tan : le ton est donné.
Avec ce début franchement prometteur -une séquence d’introduction redoutablement efficace avec le père, le fils et la fille grimpant sur Monument Valley-, on est en droit d’attendre du lourd. Et franchement, c’est avec fracas que l’on assiste deux heures durant à un déferlement et une avalanche de suspense au cordeau mâtiné et mené à la sauce des 90’s.
Un film d’action comme ça, j’en attends tous les jours ! Même si le scénario est convenu, on en prend plein la figure, et là n’est bien entendu pas le prétexte, et Martin Campbell le réalisateur l’a bien compris.
De plus, le metteur en scène du dyptique « Le masque de Zorro »/« La légende de Zorro » convoque un casting de haute envergure (altitude, héhé !) pour mieux nous emballer.
Nous avons ainsi droit à un casting certes américanisé, mais convaincant à souhait. La distribution de stars (Chris O’Donnell, Scott Glenn, Bill Paxton…), cultissime en 2022, est également très bien dirigée.
Dans le rôle du frère, le héros qui va vouloir sauver sa sœur à plus de 8000 mètres d’altitude dans une crevasse, on retrouve un très bon Chris O’Donnell qui connaît alors l’apogée de sa carrière : nommé au Golden Globes pour sa prestation dans « Le temps d’un week end », il joue également aux côtés de Val ‘Batman’ Kilmer et George ‘Batman’ Clooney.
A ses côtés, l’énigmatique et ancien compagnon de route du père d’O’Donnell est campé par le charismatique et la grinta d’un Scott Glenn en puissance et en sagesse : un second couteau digne de « Vertical limit » et des 90’s tant son punch se fait ressentir à chaque plan. Figure du cinéma américain par excellence : « Urban cowboy » avec John Travolta, « La forteresse noire » de Michael Mann, « Man on fire » d’Elie Chouraqui, « Le silence des agneaux », « Training day », « La vengeance dans la peau »… .
Le milliardaire véreux qui veut coûte que coûte arriver au sommet du K2 pour appuyer une campagne d’un nouveau jet qu’il finance est interprété avec finesse et arrogance par le regretté Bill Paxton -« Terminator », « Aux frontières de l’aube » de Bigelow, « Twister », « Apollo 13 », « Edge of tomorrow »…-. Rares sont les rôles de méchants dans lesquels notre très cher Bill a joué. Et ici, il excelle. Une belle petite composition. Quel charme, vraiment ! Un acteur qui manque vraiment au cinéma. Dame !
Arrive Izabella Scorupco -‘James Bond girl’ de « Goldeneye », et retrouvant donc le réalisateur néo-zélandais-, la dernière personne qui décide à s’aventurer pour sauver les rescapés coincés à 8000 mètres d’altitude. Très bien !
Notons également la présence de Robin Tunney -Coupe Volpi de la meilleure interprétation en 1997 dans « Niagara, Niagara » de Bob Gosse, elle a joué aux côtés de Schwarzy et Dominic Purcell- dans le rôle de la sœur d’O’Donnell et celle de Stuart Wilson -« L’arme fatale 3 », « Rock », « Hot fuzz »- en père de famille.
Martin Campbell fabrique de toutes pièces un blockbuster d’action typé mais bougrement efficace. Un film catastrophe dans la lignée du « Pic de Dante » : tout est superbement efficace, tout comme l’a confectionné son confrère Roger Donaldson.
Et puis même, on peut dire que le réalisateur, en terme d’action, il s’y connaît, étant donné que c’est sa marque de fabrique : c’est lui le metteur en scène qui a réussi à fabriquer le renouveau de ‘James Bond’ « Goldeneye ». A partir de là, on ne peut que s’incliner.
Ainsi, les séquences d’action, à couper le souffle, sont superbement maîtrisées, du début (à Monument Valley) jusqu’au dernier coupage de corde (n’est-ce pas Scott Glenn ?).
Le rythme est mené tambour battant par le réalisateur virtuose de « Sans aucune défense », bien évidemment aidé par une musique irréprochable de James Newton Howard, comme à son accoutumé (« Le fugitif », « Chute libre », « Sixième sens », « Batman begins »… sont là pour témoigner en sa faveur).
Le reproche ? Comme « Clifhanger », sorti huit ans avant « Vertical limit », ce côté cocardier de l’action, cette façon d’un vieux roublard de Martin Campbell de nous maintenir sous adrénaline grâce à ses magnifiques paysages (« Que la montagne est belle… » comme le chantait Jean Ferrat), par ailleurs très bien captés par David Tattersall (directeur de la photographie très en vogue dans les 90’s-2000’s : « Les ailes de l’enfer », la trilogie « Star Wars », « Meurs un autre jour »…) et où la montagne fait la star, et ce côté que seul ce divertissement peut être réalisé par des ricains par ce patriotisme qui se configure à chaque blockbuster hollywoodien des 90’s (je pense bien sûr à « Tango et Cash », « Air force one », « Les ailes de l’enfer », « Piège en haute mer », « Speed »…, tous ces films d’action typés Bruckheimer ou ayant la foi de donner un spectacle dantesque et démesuré, n’en déplaise à toutes les qualités que peuvent avoir ces films d’action des 90’s, tous plus ou moins réussis par ailleurs).
Ce n’est ainsi pas un reproche mais plutôt une façon outrancière et cocardière qu’avait les réalisateurs des années 1980-1990 à populariser l’action et la définir comme l’outil dont ils avaient besoin pour mettre en forme l’aventure des héros qui restent encore aujourd’hui des références de l’action.
Ou quand Martin Campbell avec « Vertical limit » nous propose deux ascensions pour mieux nous en mettre plein la vue. Ca marche, on se régale, et sous adrénaline hautement explosive, nous emmène au septième ciel par la voie du divertissement concocté à plein régime.
Le réalisateur de « Sans frontière » (avec Angelina Jolie) et de « Absolom 2022 », à coups d’effets spéciaux bluffant, nous divertit pour notre plus grand bonheur.
Pour conclure, « Vertical Limit » (2001), élaboré par Martin Campbell (la série pour la BBC « Edge of darkness » en 1986 lui ouvre les portes d’Hollywood) restera ce divertissement populaire devenu culte avec le temps que je considère aujourd’hui et pour toutes les raisons que je viens de partager comme un petit classique du cinéma d’action comme l’est « Le pic de Dante » ou « La mutante », tous les deux de notre ami Donaldson, dans leur genre.
Spectateurs, en-Campbell-isez vous !
Interdit aux moins de 10 ans.
PS : je suis allé voir dernièrement « La panthère des neiges » au cinéma, j’en suis sorti subjugué, et l’envie de voir « Vertical limit ».
Le rapport ? Après la séquence d’introduction, on voit Chris O’Donnell, devenu photographe animalier, observer, pendant environ cinq minutes, des… panthères des neiges !