Une tentative originale pour rendre compte de la « folie », plus exactement la psychose chronique, celle qui peuple nos hôpitaux psychiatriques, que l’on appelait autrefois « asiles »… Cette chronique se déroule dans les débuts de l’Italie fasciste alors que Mussolini commence à inonder le pays de ses idées totalitaristes. Un médecin tout puissant, incarné par Marcello Mastroianni, règne sur une institution psychiatrique où il collectionne les maîtresses (y compris la femme du directeur !) en cherchant obstinément le « germe de la folie »… Évidemment, va arriver une jeune collègue (Françoise Fabian) qui va lui résister, à la fois sur le plan sexuel puisqu’elle ne cédera pas à ses charmes et sur le plan théorique puisqu’elle est adepte de la psychanalyse… Dans toute la première partie du film, on a pour une fois un tableau nuancé de la souffrance psychique avec une exposition sans trop d’outrances ni de clichés et des points de vue qui s’affrontent sans manichéisme. Mais Bolognini se perd un peu en route et les deux personnages principaux expriment trop souvent des idées contradictoires qui ne sont pas vraiment représentatives d’un courant ou de l’autre… La fin rejoint même les pires idées reçues en la matière puisque le médecin prétendument scientifique et porteur d’une hérédité chargée n’est en fait motivé que par le désir de prouver qu’il n’est pas fou… Une fois son rêve brisé, il se retirera sans lutter, provoquant le suicide d’une de ses maîtresses et laissant le champ libre à sa collègue. Dans le train qui l’emporte loin de l’hôpital, il rencontre une cohorte de militaires fascistes et un théoricien du même parti dont le discours recoupe le sien… Au niveau technique, l’interprétation (internationale) est de qualité, avec, outre les acteurs déjà cité Lucia Bose et Marthe Keller et la réalisation de Bolognini est classique du cinéma italien des années soixante-dix. Sur le fond, on a un film intéressant par ses intentions mais finalement décevant par ses aboutissements.