Au premier abord, The Other Guys semble aux antipodes de la carrière récente d’Adam McKay, le buddy movie policier tranchant avec les sujets traités (et la manière) dans The Big Short, Vice et Don’t Look Up. Un constat qu’appuie son inélégant titre français, Very Bad Cops, en totale adéquation avec ses allures de parodie déjantée... jusqu’à ce que la lumière ne se fasse.


En réalité, tout tient du leurre dans ce défouloir abracadabrantesque, le cinéaste y disséminant les graines de son véritable propos, lequel va pleinement éclore en tout bout de course : son générique pointant explicitement les scandales, l’absurdité et l’inégalité qu’engendre l’ogre financier, tout s’éclaire alors. Si nous pouvons légitimement nous interroger sur la pertinence d’une telle forme, The Other Guys verse dans une satire cachant bien son jeu, celle-ci épinglant l’impunité des puissants tout en promouvant le mérite des petites gens.


La formule « the other guys » prend ainsi tout son sens, par-delà le prisme purement humoristique des bras cassés succédant aux ténors de la profession, lesquels sont eux-mêmes tournés en dérision : le devenir de Danson et Highsmith, aussi improbable qu’abrupt, est de fait un évident pied-de-nez aux totems d’immunité qu’arborent les héros du genre, alimentant par voie de fait une blague acide quoiqu’outrancière.


In fine, le plus gros problème de The Other Guys tient donc en sa propension au grotesque, de quoi susciter notre circonspection : certes, certains dialogues et situations font mouche, néanmoins nombre de répliques lunaires et clichés (assumés) entretiennent avec allégresse une atmosphère hors-sol, au point de vivement contraster avec les prétentions sous-jacentes d’une intrigue taquine... gageons que la chose tenait du calcul pour McKay.


Le film compose ainsi une curieuse expérience de divertissement, bien aidée par l’alchimie que dégage le duo Ferrell/Wahlberg, parfaits archétypes des contraires s’attirant contre vents et marées. Nous pardonnons ainsi volontiers les petits plaisirs que s’autorise la trame de The Other Guys, le running gag du juriscomptable tombeur de ses dames illustrant à merveille ses atouts premier degré.

NiERONiMO
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le 19 févr. 2022

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