Une excellente satire pleine d'ironie et d'absurdité sur le monde du travail et l'abnégation des masses, par le réalisateur Jared Drake qui nous brosse une fiction dystopique métaphorique réussie, teintée de nostalgie, qui peut rappeler les grands auteurs d'anticipation. Un premier essai réussi pour le cinéaste.
Une métaphore pleine d'humour mais révélatrice, en signe de salut entre collègues, nous met dans l'ambiance dès le départ.
George travaille au sein de la Jeffers Corporation, en tant que "Visionner", la plus rentable de toutes les compagnies qui décide de tout... pour votre plus grand bien. Les employés sont disséminés par niveau, dans des bureaux vides, aseptisés, où chacun se regarde en coin, bureau en face à face, un tampon, deux feuilles de papier, l'ensemble bien rangé, attendant que le travail de la journée descende des tuyaux. Le plus haut niveau, le 5, étant celui évidemment de la réussite, de votre engagement aveugle pour ce monde sans émotion par laquelle votre survie mentale dépend.
Si peu de travail...et pourtant le "burn out"...guette. Le stress ici vous fait "exploser" au sens littéral, si vous ne vous êtes pas suicidés avant.
Ces instants de grande inutilité sont ponctués par un message vocal annonçant le nombre de minutes de productivité restantes avant le week end et par la sonnerie du téléphone, réglée comme un métronome, autant criarde qu'inutile, intervenant à chaque fin de message parlé, histoire de rester bien concentrés ! ou comment avoir l'art de ne rien faire tout en faisant quelque chose.
Des méthodes managériales étonnantes pour pointer l'anonymat et vos besoins (pas toujours essentiels), vous voyant, par exemple, recevoir en cadeau un gros nounours qui parle si vous lui tournez les oreilles...Mais le résultat n'est pas toujours à la hauteur des attentes, si tant est que vous soyez, malgré les efforts, trop émotif...
Mais on veille sur vous, chacun doit être a sa place, sans exploser ni se rebeller ! Le Président trouvera, si il le faut, la solution radicale à forcer tout ce petit monde à être de bons robots de travail et de soumission, nageant dans le bonheur d'un cerveau endormi.
Pourtant Georges rêve ! il est George Washington à la veille de la victoire !
Il s'inquiète. Le rêve synomyme d'émotion et de réflexion est "l'ennemi public n° 1" pour la société. Il ira donc se faire soigner par un médecin de la compagnie, il aura son coatch personnel...Mais Georges est amoureux, d'une voix, celle du niveau 4, chargée de compassion !
Tout est savamment mis en place pour nous plonger dans le désarroi de Georges, de nos propres comportements et de notre société, par une photographie des plus cynique. Une femme qui se plie dangereusement aux exigences du bonheur, déconnectée de la réalité, et pour marquer le propos de l'adolescence, un fils que l'on ne verra jamais. Malgré une belle maison, un terrain de golf à lui tout seul, un yacht frisant l'indécence, Georges s'interroge...
Entre son lieu de vie et de travail, les mêmes décors froids et vides de sentiments, servis par des couleurs blafardes et par une caméra qui renforce l'aspect étriqué, et l'isolement. L'arrivée du frère qui a tout quitté (il préfère jouer au ballon, faire du saut à la perche, s'accompagner de jeunes gens de bonne humeur avec musique et barbecue !), marque le fossé entre ces deux mondes par des couleurs plus chaudes et des décors sur l'extérieur, signes de liberté salvatrice. Richesse ou pauvreté pour celui qui a fait le bon choix (?).
De grands moments de silence où tout semble à l'arrêt sont ponctués de quelques situations loufoques. Des jeux d'acteurs sobres et efficaces, une pointe d'humour, un suspense bien mené et un final qui laisse le choix.
Le titre renvoie par son acteur, Zach Galifianakis, trés certainement à la trilogie "very bad trip" mais en aucun cas n'en est une parodie ou une sorte de suite. Etonnant d'ailleurs cet appel marketing qui risque de rater le coche en séduisant par erreur, avec une affiche qui semble proposer une comédie pour enfants...
Aucun rapport avec le film "Idiocracy".