Ça faisait longtemps que je n'avais pas été à ce point désabusé d'un film à peine commencé...


Alors je ne vais pas parler ici du scénario qui se veut d'une infinie profondeur, alors qu'une fois qu'on a retiré l'esbroufe, on réalise qu'il ne reste plus rien, ou si peu qu'on peut s'en vouloir d'avoir perdu deux heures pour ça, mais qu'importe. Non, parlons plutôt de trucs très cons.


Attention, mine de rien, ça spoile pas mal.


Le film se passe dans un futur où une partie de l'humanité (enfin, de ce qu'il en reste) se trouve marginalisée et vit dans des conditions extrêmes de pauvreté, dans une nature dévastée (La grande majorité des formes de vie végétales et animales ont clamsé depuis des lustres), blablabla... Je vais passer le fait que la nature est soit disant quasi anéantie, sauf ces bons vieux arbres d'hiver, ET les quelques "plantes NextGen" qui n'existent QUE dans les plans serrés. On aurait pu avoir une faune et surtout une flore légère et barrée, un peu partout, et pas juste sur les quelques gros plans, mais non. Donc ça n'a poussé que sur 2 mètres de pelouse de champi magiques devant chez Vesper, un tronc d'arbre à un moment donné, et l'endroit où chute Camellia (Là, ils ont mis tout le budget, y a même des spores & co, pfiouuuuu c'était fou !)

Mais du coup, quelle fut ma surprise de découvrir que cette plèbe de l'humanité moderne, au delà de son "apparente" pauvreté, s'habille de vêtements sur mesure, et qui plus est, neufs. Alors ouais, j'comprends que les costumier.e.s se soient défoncé.e.s pour faire des trucs bien (et encore, franchement, une aprem chez Guerrisol ou Emmaüs, et chacun.e peut se refaire à loisir le look de nos "héros", peut être même en mieux), mais franchement, comment je peux croire qu'ils soient dans une déchéance absolue s'ils sont toujours aussi propres tout au long du film ? Pas un trou (sauf peut être sur une ou deux scènes avec les gosses de rues, et encore), pas une tâche disgracieuse, non, rien. J'admire encore le beau velours de la veste du si vilain Jonas, ou encore ce tour de cou en fine maille de notre chère Vesper. Au point que lorsque cette dernière se vautre littéralement par terre pour passer en douce sous une clôture (en béton bien solide je précise, mais pour laquelle on veut nous faire croire qu'elle arrive à en retirer à la main de bons gros morceaux pour se frayer un passage), elle se relève avec pour seules salissures celles qu'elle vient de se faire.

Ensuite, ils sont pauvres, certes avec des vêtements neufs ou très bien lavés, mais ils sont pauvres. D'ailleurs, c'est bien connu : pauvre veut dire dégueulasse. Non parce que je ne sais si vous avez apprécié le moment où Vesper prépare la "popote" pour son père, mais elle en fout volontairement partout, sans aucun effort pour que ça soit un minimum propre pour alimenter la gastrotomie du paternel. L'hygiène, les infections, toussa toussa, ça a disparu avec le scénario des dizaines d'années avant les évènements qu'on suit apparemment. Enfin, après, c'est peut être juste moi qui ait un soucis avec ça, mais quand je pars du principe que c'est la merde et que mes ressources et autres ustensiles sont limités, j'essaie de faire au mieux pour les garder au plus propre, le plus longtemps possible, pas vous ? Bon, je ne parlerais même pas des mains, visages, voire carrément vêtements qui se lavent tous seuls d'un plan à l'autre, ... Vous m'avez compris.

Et alors me direz vous ? On pourrait, effectivement, se complaire dans cette pauvreté dégueulasse (niveau hygiène et ménage) mais classe (niveau vestimentaire) et ça semble le cas de cette gamine de 13 ans, petite génie de la génétique (Docteur Doogie n'a qu'à aller se pendre avec son simple stéthoscope de p'tit branleur), qui nous fait sa soupe moléculaire dans des flacons aussi stériles qu'une chiotte publique pour mec à la fin d'un festival d'été bien arrosé. Aucun soucis, sa tablette Wacom Cintiq3000 A2 avec palpeurs tactiles intégrés fait tout le travail pour elle. Elle détecte immédiatement les tranches de concombres s'il y en a des traces dans les mélanges de la petite. Il suffira d'un Do mal foutu (j'ai l'oreille absolu...ment merdique, désolé !) pour que les concombres fassent enfin leur danses de l'amour et s'ouvrent au monde.

On peut aussi parler de son jardin secret, qui est illuminé 24/7, dans un monde où l'électricité n'est plus... Sauf en ce lieu. Si EDF voyait ça, y aurait du compteur qui sauterait, moi je vous l'dis. (Au passage, il est secret, mais Camellia n'hésitera pas, sans aucun respect pour Vesper, à se faire prendre dedans, et donc à l'afficher aux yeux des vilains riches pro-OGM de chez Bayer... Enfin Monsanto, pardon.)

Ou alors cette séquence où le Blob est devenue une arme de détection humaine, qu'il ne faut surtout pas respirer quand il se transforme en poussière, mais où les mecs de la post prod ont décidé de faire durer ce moment plus longtemps que prévu, et que les gamines se remettent à respirer a plein poumons alors que l'écran est encore à moitié jaune de particule (Dans cette dystopie, le COVID n'a jamais eu lieu, ni aucune maladie ou infection en aérosol, donc on se protège avec un bout de manche au besoin, tout ce qu'on ne voit pas, n'existe pas, pas vrai ? Ah non, j'oublie qu'on parle d'un film qui traite d'une éleveuse de concombres génétiques.)

On passera aussi toutes les métaphores et autres messages aussi bien amené qu'un bourre pif de Statham, avec notamment la domination masculine avec le pouce dans le trou, les pondeuses, ... Ça ne vaut même pas le coup de s'y attarder tellement c'est placard.

Revenons plutôt sur ce pseudo univers, et un de ses composés qui aurait pu être fort... Mais qui sera à l'image du reste : les pèlerins. On sait rien d'eux, si ce n'est qu'ils ne parlent pas, portent une capote de landau, et qu'ils semblent être plutôt masculin (sinon pourquoi Vesper tiquerait à ce point sur le fait que celui qu'elle voit pourrait être une femme et donc potentiellement sa mère ?), et qu'ils trainent de la ferraille. Ce dernier point donnant lieu à un magnifique plans (c'est de l'ironie) de dizaines pèlerins qui tirent de la ferraille sur ce même champ qu'on nous rebalance un peu à toutes les sauces toutes les 20min. Bon, admettons. Je suis bon public. (Je rappelle quand même au passage que Miller dans Fury Road arrive à en raconter mille fois plus avec les quelques secondes de son plan de nuit avec les échassiers du marais. Bon, certes, on parlait d'un marais dans un désert où l'eau était la ressource la plus rare, mais hey, avant qu'on ne réalise ça, c'était quand même bien.) SAUF qu'on en arrive à la fin (ouais, y a encore des tonnes de trucs à raconter sur ce film, mais je réalise que ça fait 1/4h que j'écris et que j'ai finalement mieux à faire !) et Vesper qui découvre enfin où vont tous ces pèlerins... Eh bien, accrochez vous, parce que SURPRISE, c'est un petit marché aux puces, bien sympathique, qui semble entièrement tenu par des femmes, et qui fait office de prélude à cette magnifique "cathédrale" faite à partir de toute la ferrai... Attendez. Mais. Non... Quand même pas ?! Est-ce qu'on ne serait pas en train de se foutre un peu, beaucoup de nos gueules ? Qu'est ce qu'on vient nous péter le chou que ces pèlerins ne ramassent QUE de la vielle tôle à chaque fois qu'on en voit pour finalement nous balancer une tour intégralement... DE BOIS ? Non mais SERIEUSEMENT ???? Alors là, ça m'a tué.

Il était grand temps que la gosse balance ses vieilles graines pour que pousse enfin le générique, et l'envie pressante d'aller prendre l'air.

En fait, le vrai problème de ce film, c'est d'avoir voulu en faire des tonnes avec rien, d'avoir voulu tout inclure, cocher toutes les cases, mais au final, tout est creux, vide et insipide. Franchement, j'aurai vu Netflix en fin de générique que je me serais dit "Ah ! Bah voilà ! Ça explique tout !". Mais non, Netflix ne sera pas l'excuse cette fois-ci.


Bref, vous l'aurez compris, j'ai adoré ce film !


(Mais j'avoue que le bon coté des choses, c'est qu'on pourrait en parler pendant des heures tellement rien ne va hahaha)

JohnMitchum
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le 17 août 2022

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