En lisant les avis sur Vesper Chronicles, sur le site comme ailleurs, on a dû déjà vous bassiner avec les comparaisons stériles dressées en citant les blockbusters US de science-fiction sans âme, que l'astuce et la débrouille remplaçaient aisément les milliards de dollars de destruction numérique montée comme un porno.
Permettez pour ma part que je me montre un peu plus nuancé.
Car une initiative comme Vesper Chronicles est toujours à soutenir, c'est vrai. Et que malgré des moyens limités, le duo derrière la caméra, Kristina Buozyte et Bruno Samper, réussisse malgré tout à faire croire à leur univers de science-fiction low tech dépouillé qui prend racine dans les inquiétudes de notre quotidien face au transgénisme, aux désastres écologique qui frappent à notre porte ou encore aux dérapages scientifiques.
Soit des peurs que nous connaissons tous et qui résonnent en nous de manière familière, au travers d'un regard à hauteur d'enfant qui oscille entre une histoire tendance young adult et une certaine poésie qui illumine, au sens propre, certaines séquences.
Rien que pour cela, Vesper Chronicles mérite un petit coup d'oeil s'il passe dans une salle de cinéma proche de chez vous, oui, c'est une certitude.
Parce qu'aussi, il reprend à son compte ou fait référence à certaines oeuvres parmi les plus puissantes de ces dernières années, telles Annihilation, dans son rapport avec la nature qui reprend ses droits en assimilant ses proies, ou encore les récits de protection d'une enfance vulnérable comme La Route ou encore Light of My Life.
Les deux metteurs en scène manifestent aussi un certain art pour les images qui restent en mémoire, que ce soit en pleine contemplation ou dans le feu de l'action, faisant par exemple de simples soldats anonymes de fulgurants émissaires de la mort en un seul plan fugace.
Cependant, il faut reconnaître aussi, quand on parle de Vesper Chronicles, quelques défauts qui peuvent parfois tempérer l'enthousiasme de la critique.
Car il faut tout d'abord reconnaître que, plus on y pense, plus on ne peut que citer l'influence d'un film tel que Nausicaä de la Vallée du Vent, qui devient écrasante pour le personnage principal de l'oeuvre.
Car il faut reconnaître que Vesper Chronicles a parfois le cul entre deux chaises dans sa représentation de la violence, oscillant entre le hors-champ total et la représentation frontale de la mort d'un enfant, soit ce qu'il y a sans doute de plus insoutenable sur un grand écran.
Car les plus impatients pourront se montrer déroutés par le tempo adopté par Vesper Chronicles, ou encore ses micro allers-retours un poil mécaniques.
Car enfin, si la narration défie les codes en substituant l'illustratif au simple descriptif, certains éléments de l'intrigue peuvent apparaître gratuits, tandis que l'oeuvre ne suscite pas forcément empathie et affect immédiats. Sur ce terrain, il faudra par exemple attendre la dernière ligne droite afin d'être vraiment emporté émotionnellement, et donc pleinement convaincu par le spectacle proposé.
Même si, au bout du compte, il demeure une certaine vision d'un genre et une forme de courage qu'il faut absolument continuer de célébrer malgré les maladresses d'une proposition SF atypique.
Behind_the_Mask, mauvaise graine de critique.