Viande d'origine française par Bung
Ce documentaire m'a fortement plu au départ. Il y a plusieurs raisons à cela.
La première, c'est qu'il est globalement bien fait, passant d'un problème à un autre sans temps mort et en ayant amené ce que les auteurs voulaient amener.
La deuxième, c'est qu'il est intéressant de voir les divers points de vue pour ainsi dire "opposés", nous voyons le point de vue du critique, du producteur, de l'employé de chaîne de télévision face au point de vue des réalisateurs.
Enfin le troisième, il effleure, sans trop égratigné quand même, les réalisateurs avec quelques légères critiques et une (très légère) pointe d'ironie.
Et alors ?
Il y a un premier problème: les réalisateurs interrogés passent pour des cons, je ne sais pas si c'est volontaire ou non, mais mis à part Thompson et son réalisateur "attitré" interviewé, les autres ont l'air de gros assistés promouvant l'idiocratie (Bustillo et son pote disant que "ça nous fait tripper de voir un tel donnant des coups de tonfa sur une femme einceinte hihi donc on en met dans nos films xptdr") ou la flemmardise (Morley: "Je rêve qu'on me file un scénario pour que je puisse y mettre mon univers dedans" genre tu n'as plus envie d'écrire quoique ce soit ?? Tu es quoi alors, juste un technicien ?).
Sans oublier cette absence totale de remise en cause (ou à côté de la plaque, pour De Welz), et, si il reste compréhensible qu'il est difficile de faire des films avec peu de moyen, il serait peut être temps de comprendre que vous êtes là pour raconter des histoires avec d'y mettre vos délires de kikoolol.
Pour terminer le laïus concernant les réalisateurs, il est dommageable de ne pas vouloir les sujets qu'ils abordent, et donc leur film. Du Welz se lamente d'avoir fait un "film expérimental" avec Vinyan. Oui, et ? C'est plutôt bien tenté, continu, creuse, poursuis ton idée merde ! Dahan rejette toute idée sociale derrière son film La Horde, c'est domageable, parce que ça lui aurait donner un peu de profondeur, Morley réchigne carrément à écrire ses scénarios...
Au final, nous nous rendons compte que les auteurs-scénaristes sont tout aussi frileux que les producteurs et responsables des chaînes de télévision.
Deuxième problème: c'est une pub pour La Horde (production soutenue par Canal+. Le hasard a du bon, dîtes moi). Juger le film ici n'est pas le sujet, mais le coup à la fin du "les Italiens adorent ce film, donc en France se sont tous des arriérés" passe moyen. Déjà parce que le film c'est de la merde, même si ce n'est pas le sujet hihi.
Ensuite, parce que l'avis des Italiens n'a pas plus de valeur que le nôtre. Les Italiens ont aimé le film ? Super, et puis ? Notez que le documentaire insiste bien sur le fait que le public est vraiment trop injuste avec ces films. C'pas comme si ils étaient médiocres hein...
Ce documentaire reste tout de même intéressant par le sujet qu'il aborde et de la façon qu'il le fait, même si il ne le fait qu'à travers le cinéma bis. Ce qui est dommage d'ailleurs, c'est de ne pas avoir élargi un peu plus vers la fin, parce que des projets qui ont du mal à se financer, il n'y en a pas que dans cette niche. Par ailleurs, il permet aussi de voir à quoi ce résume le mode de fonctionnement des cinéastes de genre actuels, ce qui expliquerait, en partie, les inepties cinématographiques qu'ils nous pondent depuis le début de leur carrière respective.