Vice-versa
7.5
Vice-versa

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Ronnie del Carmen (2015)

Peut-être que je n'ai pas saisi la subtilité du dessin animé, ou que je suis un énième réactionnaire, mais la théorie selon laquelle nos émotions et nos réactions sont déterminées par des entités autonomes dans nos cerveaux ne me plaît mais alors pas du tout. Autant je trouve qu'il est extrêmement intéressant de proposer à un large public une exploration du fonctionnement humain sans négliger l'inconscient à une époque où l'on demande aux êtres humains d'être toujours plus performants et de dépasser leurs limites ; autant les cinq personnages censés représenter les émotions (ou plutôt une sélection vaseuse d'émotions – blague) qui se confrontent dans l'esprit ne sont pas du tout convaincants.


On aurait pu penser que le dessin animé aurait le mérite d'expliquer au jeune public de manière assez ludique comment ça marche dans nos têtes, en leur faisant comprendre comment notre personnalité se forge et à quel point cela nous rend uniques. Au final, il se contente de dresser le portait d'une enfant totalement soumise à une succession de manipulations effectuées sur une tablette type vaisseau spatial par Joie, Colère, Peur, Dégoût et Tristesse. Plus robotique, tu meurs. Alors j'ai quelques questions : sont-ce seulement mes émotions qui déterminent mes actes ? Quelle est la place de l'humain (vous savez, qui se différencie de l'animal par sa capacité à raisonner) dans le processus de réflexion et d'action ?


Quelles sont les conséquences de ce genre d'interprétation ? Je ne pense pas que ce dessin animé encourage les enfants à se responsabiliser. Vont-ils bien comprendre que ce sont eux, au final, qui sont toujours au cœur de leurs actes et que les émotions ne peuvent pas décider à leur place ? Vont-ils bien comprendre qu'ils sont les seuls maîtres du vaisseau ?


Si au moins les personnages de « Vice Versa » étaient à l'effigie de la personne contrôlée comme on peut le voir entre autre dans « Kuzco l'empereur mégalo » (la scène de discussion entre Kronk et ses deux mini lui et qui montre d'ailleurs que c'est toujours nous qui avons le dernier mot, ouf !), on pourrait presque croire que tout ce petit jeu technologique est possible…
Malheureusement, l'ensemble est incompréhensible. On remarque notamment que Joie est capable de ressentir de la peine, Colère de la compassion, alors que Tristesse ne peut pas être joyeuse...What ? Ces monstres sont ils le parfait symbole d'une émotion, ou non? Plein de petits dysfonctionnements décrédibilisent l'histoire dans sa généralité.


Histoire de bien remuer le couteau dans la plaie, j'ai envie de conclure sur le caractère ultra stéréotypé des personnages, notamment Tristesse, qui m'a pour le coup vraiment déprimé. Petite, ronde, avec des grosses lunettes, persécutée par les autres...est-ce qu'on a déjà fait plus cliché ? Oserai-je citer Peur, une brindille sapé en mode intello qui comme par hasard sera toujours persécuté par Colère ? Il est terrible de voir qu'en 2015, on en est encore à aller au plus simple pour que les références soient compréhensibles par un maximum de personnes. Alors non, les personnages ne sont pas mignons (d'ailleurs Joie est carrément exécrable), l'histoire est super facile et la succession de raccourcis est effectivement le chemin le plus court vers la destruction de l'imagination.

Sansandro
4
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le 22 juil. 2016

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Sansandro

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