Vice-versa
7.5
Vice-versa

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Ronnie del Carmen (2015)

Avec bientôt 8 ans et 600 films au compteur, il était important de connaitre l’avis de Timéo, spécialiste du film pour enfant, sur Vice Versa.


(SensCritique) Timéo, afin de clairifier les choses d’entrée de jeu, précisons que tu n’as jamais cherché à cacher ton affection pour les personnages Pixar…


(Timéo) Ah bon ? Ils ont fait quoi comme films ?


Ah ha… C’est ça.
C’est un film dans lequel s’expriment des émotions.
Parmi celles qui apparaissent dans l’histoire, quelles sont celles que tu as ressenti pendant la projection ?


Oh, un peu toutes. Sauf le dégout et la colère. Mais la peur, la tristesse et la joie, oui ! Cela dit la tristesse, c’est nul. D’ailleurs, Hugo (un de mes grands frères), qui était avec moi, m’a dit de pas pleurer, à un moment.


Parce que tu en avais envie ?


Ah ha ! Non ! Sniff…. Mais mon frère lui, j’ai senti qu’il retenait une larme
(même si son personnage préféré, c’était la colère. C’est tout lui. Enfin, surtout quand il est avec moi)


Une petite larme à presque 18 ans ? héhé…


Oui, d’ailleurs toi aussi, papa, non ? Quand la joie quitte l’ami imaginaire de Riley…


Je vous en prie, restons professionnels, c’est une interview pour SensCritique, voyons !
MMmm... Parlons d’autre chose. Il y a des fois ou tu n’aimes pas un film parce que tu lui reproches d’être trop pour les filles. Là, le sujet, c’est une fille de 11 ans. Mais cette fois ça ne t’a pas gêné du tout, je me trompe ?


Pas du tout. Les films pour les filles que j’aime pas, c’est du genre les Barbie, tous ces trucs de princesse. Là, c’était très bien.


Tu veux dire qu’un bon film n’a pas de genre, d’âge ou de sexe ?


Oh ! Ah ha ! T’as dit "sexe". C’est un gros mot !


Non, ce n’en est pas un.
J’évoquais l’âge. Est-ce que tu as senti un point commun avec la fin de Toy Story 3, quand il s’agit du passage à l’âge adulte d’Andy ?


Qui ça ?


Laisse tomber. Tu ne trouves pas qu’étirer la bonne idée (même si pas totalement nouvelle) de la bande annonce n’était pas chose facile, et que le défi est parfaitement relevé ?


De fait, le film n’est qu’une succession de bonnes idées que la bande annonce ne trahit pas sous une forme condensée. C’est tout sauf de la publicité mensongère. La totalité du métrage fait sens, et l’imbrication des aspects de la personnalités (les émotions, mais aussi la mémoire, l’oubli, le subconscient, l’imaginaire, les rêves, l’abstraction, ou cette super idée des iles-constructions de la personnalité) avec les péripéties extérieures est d’une rare ingéniosité. Si l’issue finale du récit n’est guère surprenante, la qualité générale est telle qu’on ne peut que difficilement résister au spectacle, qui sort beaucoup plus des sentiers battus que le laisse supposer la surface des choses (ce qui est terriblement en rapport avec son sujet, au fond): jusqu’à un certain point, le film est sombre et triste, ce qui dénote absolument dans le paysage du film pour enfant habituel.
Il évoque une certaine profondeur sans s’en exonérer, ce qui est tout à son honneur. Il faut simplement souhaiter que des organismes de formations (ou de développement de la personnalité) ne se servent pas d’extraits pour bâtir un discours simpliste, contre l’esprit même des concepteurs du film.


Si je te comprends bien, le pari de la méta-histoire est réussi ?


C’est une prouesse. On ne cesse d’évoquer les sentiments d’une jeune fille en jouant sur celles du spectateur qui a conscience du processus, et ça fonctionne absolument. On galvaude souvent la supposé réussite d’un film destiné à la jeunesse par sa capacité à toucher toutes les générations qui le regardent, mais rarement cela à ce point fonctionné. Parents et enfants semblaient émus avec la même intensité à la sortie de la séance, et pour des raisons sans doute à la fois totalement différentes et en tout point comparables. Le personnage de Bing Bong est parfaitement symptomatique de ce que je décris. Il fonctionne aussi parfaitement sur les deux niveaux de conscience que l’on a de ce personnage. C’est brillant.


C’est donc un film que tu conseilles ?


Ah oui ! Mais je pourrais voir Jurassic Park bientôt ? Tu me l’a promis, dis ! Je suis grand maintenant ! Je me sens prêt !


Oui, enfin, non, je veux dire pourquoi pas. On verra..!
Bon, voilà, merci Timéo pour ces réponses. Il n’est pas impossible que je refasse appel à toi à l’avenir pour d’autres films.


(en italique, les réponses que pourrait donner Timéo d'ici une quarantaine d'année)

Créée

le 14 juin 2015

Critique lue 2.5K fois

164 j'aime

34 commentaires

guyness

Écrit par

Critique lue 2.5K fois

164
34

D'autres avis sur Vice-versa

Vice-versa
CinemAd
10

Quand j'avais 5 ans, mon papa m'a emmené voir Toy Story

Lundi 18 mai 2015, Festival de Cannes. Posé devant les marches, dans une chaleur écrasante et au milieu d’une foule monstre, je pleure seul en silence. Cela fait 40 minutes que j’ai vu Vice-Versa et...

le 20 juin 2023

186 j'aime

14

Vice-versa
guyness
9

Sous le goût de l’émotion

Avec bientôt 8 ans et 600 films au compteur, il était important de connaitre l’avis de Timéo, spécialiste du film pour enfant, sur Vice Versa. (SensCritique) Timéo, afin de clairifier les choses...

le 14 juin 2015

164 j'aime

34

Vice-versa
Daevaorn
5

Introduction à la psychologie de bazar

Sans jamais avoir été un adorateur de film d'animations Pixar, j'ai toujours apprécié les long-métrages du studio. Ils réussissaient à dégager beaucoup d'énergie grâce à une histoire simple mais bien...

le 21 juin 2015

121 j'aime

18

Du même critique

Django Unchained
guyness
8

Quentin, talent finaud

Tarantino est un cinéphile énigmatique. Considéré pour son amour du cinéma bis (ou de genre), le garçon se révèle être, au détours d'interviews dignes de ce nom, un véritable boulimique de tous les...

le 17 janv. 2013

344 j'aime

51

Les 8 Salopards
guyness
9

Classe de neige

Il n'est finalement pas étonnant que Tarantino ait demandé aux salles qui souhaitent diffuser son dernier film en avant-première des conditions que ses détracteurs pourraient considérer comme...

le 31 déc. 2015

318 j'aime

43

Interstellar
guyness
4

Tes désirs sont désordres

Christopher navigue un peu seul, loin au-dessus d’une marée basse qui, en se retirant, laisse la grise grève exposer les carcasses de vieux crabes comme Michael Bay ou les étoiles de mers mortes de...

le 12 nov. 2014

299 j'aime

141