Lundi 18 mai 2015, Festival de Cannes. Posé devant les marches, dans une chaleur écrasante et au milieu d’une foule monstre, je pleure seul en silence. Cela fait 40 minutes que j’ai vu Vice-Versa et comme je pleure sans discontinuer, j’imagine que c’est ce qu’on appelle un état de choc.
A cause d’un film, c’est bien la première fois que cela m’arrive.
Pourtant, rien de neuf sous le soleil, Pixar est au sommet. Son nouveau film s’annonçait comme un chef-d’œuvre et il en est un. L’animation est à tomber, le concept du film est en bêton armé, c’est constamment inventif, hilarant de bout en bout, trépidant. Bref, des standards dans le cinéma d’animation que le studio seul arrive encore à atteindre et à dépasser après les avoir lui-même posés.
D’autant plus bluffant que Vice-Versa repose, 20 ans après, sur les mêmes thématiques et les mêmes schémas narratifs que le studio développe, retravaille fait varier et évoluer depuis ses débuts. Tout cela au sein d’un nouvel univers, singulier et vertigineux tant il est pensé, ludique et cohérent.
Vice-Versa est donc la conséquence logique du travail et du talent, de l’ancien et du nouveau et, dès les premières minutes, confirme qu’il sera un grand film.
Et puis, il y a ce que le film provoque au-delà de ça. Cette force qu’a toujours eue le studio de nous prendre par les épaules, de nous regarder droit dans les yeux et de nous parler personnellement, d’une façon profondément intime quand il s’adresse pourtant à la terre entière. Cette même force qui nous faisait sortir chancelants de Wall E ou Toy Story 3, qui invitait les enfants et les adultes à s’épanouir ensemble. Chacun à leur façon certes mais ensemble. Pour comprendre le monde, l’appréhender, l’enchanter. Ou rappeler mélancoliquement ce qui n’est plus mais peut encore être.
Vice-Versa participe de ce même effet en le portant à un niveau si intelligent, si honnête et si bouleversant que personne sur cette planète ne pourra l’expliquer quand tout le monde pourtant le ressentira. Et ce que vous soyez un enfant ou, justement, que vous n’en soyez plus un.
C’est ce qu’on appelle la magie.
Ca fait 20 ans que ça dure chez Pixar et pourtant, le studio arrive encore à se surpasser, à surprendre et à émouvoir aux larmes le petit garçon de 5 ans qui était allé voir Toy Story avec son papa. Continuant de rendre le monde meilleur, un film à la fois, pour qu’une autre génération écrive, dans 20 ans :
Quand j’avais 5 ans, mon papa m’a emmené voir Vice-Versa.
Emmenez-les jusqu’à la lune pour nous.