Citation de Jean-Paul Sartre
Fin 2020 j'ai vu Soul et c'était... assez étrange. J'avais comme le sentiment qu'il fallait que je revienne dans le passé, plus précisément une soirée d'été de l'année 2015, une époque ou je n'étais pas encore fan de cinéma. Ce n'était pas non plus le niveau de ma relation en 2012 ou je détestais aller dans les salles (sauvé grâce au Château dans le Ciel mais promis un jour on en parlera) mais c'était pour moi un divertissement comme un autre. Mes parents voulaient en plus nous amener voir un Pixar, et je n'aime pas beaucoup les Pixar, surtout à l'époque ou "Là Haut" devait être ma pire expérience cinématographique (à l'époque hein, qu'on s'entende bien), presque ironique quand on pense que c'est le même gars qui est à l'origine de Soul, Là Haut et Vice Versa, un certain Pete Docter, fin bref, je m'égare.
Ce soir il s'est passé, durant 1h34 quelque chose de spécial, d'indescriptible. Alors oui j'ai été ému comme n'importe quel gamin l'aurait été, mais je n'avais pas compris à quel point. Il m'a fallu un peu de temps, mais j'ai fini par m'en rendre compte. Vice Versa m'a percuté, ravagé au plus profond de mon être. Je venais enfin de faire la paix avec Pixar qui n'ont selon moi, jamais réussi à ne serait-ce qu'égaler ce travail. "Là Haut" (avec qui j'ai, comme pour les "Toy Storie" fait la paix depuis) et "Soul" sont peut-être extrêmement puissant et percutant dans leur volonté de nous faire accepter le temps qui passe, mais ils ne sont pas à la cheville d'un Vice Versa qui s'engage à nous faire accepter par le rêve, de vivre, et rares sont les choses qui peuvent se vanter d'une telle importance dans la vie d'un homme. Je crois qu'il est temps, attardons-nous sur ce "Vice-Vera".
Le film s'ouvre sur la naissance d'une petite fille prénommée Riley et par la même occasion de 5 petits bonhommes représentant chacune de ses émotions, régissant sa vie, l'aidant à traverser ce monde à la fois si beau et si dur, mais qu'on ne veut surtout pas quitter. On découvre notamment la chef de ces zigotos, une maman poule nommée joie retraçant sans cesse avec nostalgie la période de l'enfance de notre petite Ridley: comblée de joie. Mais voilà, toutes les enfances sont chamboulées par une époque de la vie assez...hétérogène ou tout est encore là mais rien n'est pareil: l'adolescence. Période de sa vie qui sera appuyée par un déménagement sur la côte ouest, faisant perdre quelques repaires à notre campagnarde. C'est donc dans une de ses périodes les plus troubles de sa vie que la jeune fille va petit à petit perdre les symboles de son enfance (représentés par les îles), ce qui va donc donner à ces rêves joyeux un doux airs de tristesse par le biais de nostalgie, que la maman poule va donc voir comme une chute.
C’est d’ailleurs très intéressant de montrer ces symboles perdus de façon de plus en plus concrète. D’abord dans une bibliothèque, puis dans un gros trou, puis par la mort d’un ami. Il est clair qu’on nous montre l’horreur liée à l’oubli (non sans une certaine poésie, on reste dans un film pour enfant) qui est contrebalancée avec le renfort du renouveau. J’aime tout particulièrement deux scènes complètement opposées qui résument bien là chose : la première étant l’élévation salvatrice (du gros trou avec la mini remorque si vous préférez) par les souvenirs du passé, qui entraînent donc la tristesse car ceux-ci sont révolus ; et la deuxième dans un but disons d’élévation (la pile de copain) qui lui est plus à prendre au rire, à la joie, celle qui fait comprendre que le problème n’est pas d’être triste, en colère ou peureux, mais de ne plus ressentir d’émotion, car sans elles ni logique nous ne sommes dictés que par des regrets et des souvenirs sans grandes traces d’humanité; mais voilà, c’est tout ce qu’il reste.
Sauvons nous par les souvenirs d'une joie passée devenue tristesse avec le temps, pour espérer évoluer avec nos émotions. Tout bonheur requiert tristesse, toute évolution requiert destruction. Mais qu'entends-je? Ce ne serait qu'un film pour enfant