(...) VICE-VERSA, s’il reste largement au dessus de la moyenne (tous studios confondus), opère toutefois un certain retour en arrière par rapport aux autres Pixar, en termes émotionnels.
Comme dans Là-Haut, le personnage de Riley, 11 ans, est installé par son vécu. Un historique composé de petits instants beaux et magiques (souvenirs avec parents, ou amis) sensés lui composer une personnalité singulière. Mais cette jolie base émotionnelle disparaîtra bien vite dès lors qu’il s’agira de suivre les protagonistes et non leur histoire. Car malheureusement, VICE-VERSA se heurte à un problème de taille : le concept même d’anthropomorphisation des émotions implique une ÉNORME et paradoxale caractérisation des personnages ! Joie n’est que joie, Tristesse, n’est que tristesse, etc. Leurs interactions se résument ainsi à une opposition binaire de sentiments, à quelques gags burlesques, ou à des dialogues utilitaires – moteurs scénaristiques ou vecteurs d’humour…
Résultat : l’empathie envers eux est quasi inexistante, car ils manquent de ces nuances, de cette psychologie, de cette complexité à même de permettre l’identification; sans empathie, difficile de placer des enjeux viables – sans enjeux, peu de suspens… Et donc peu d’intérêt pour le destin de ces personnages.
Plus problématique : au bout d’une heure trente de film, on réalise un certain contre-sens scénaristique qui se reflète dans la morale du film: ce qui compose une personnalité, c’est le mélange d’émotions… Sauf qu’à l’image de cette morale (somme toute, très jolie), le film n’est qu’une somme sans personnalité de qualités diverses, auquel il manque un véritable liant émotionnel.
L’émotion ne se construit pas au fur et à mesure dans le rapport-à-l’autre entre personnages étoffés (par l’histoire, par leur psychologie)… Mais plutôt dans l’interaction de personnages génériques avec un univers riche et inventif (...)
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