Vous vous souvenez du film de Woody Allen ? C'est la source d'inspiration évidente de ce petit bijou qu'est vice-versa. Dans chaque personne, cinq mini-moi représentent la joie, la tristesse, la peur, la colère et le dégout (mais pas le désir, j'y reviendrai). L'intrigue nous fait suivre les pérégrinations de Joie et Tristesse, alors que Riley, 11 ans, quitte le Minesota pour San Francisco.
J'ai l'impression que jamais les studios pixar ne se sont attaqué à un défi aussi gros. Pas sur le plan technique : le studio semble rôdé depuis les indestructibles, et on n'attend plus de prouesses à ce niveau (ça reste magnifique). Le tour de force réside dans la conception d'un film qui se déroule essentiellement dans le cerveau, en mélangeant à la fois des éléments scientifiques (mémoire à court et à long terme) et des éléments purement imaginaires, telles les "îles" de la famille, des bêtises, du hockey...
Tout cela peut être appréhendé par les plus jeunes, pour lesquels l'intérêt majeur sera la partie action du film (comment regagner la salle de contrôle). Mais le film est surtout destiné aux ados et aux adultes, qui ont des notions de psychologie, voire aux parents : la scène où joie se remémore des épisodes de l'enfance de Riley fait penser à des parents qui regardent les vidéos de leurs bébés après quelques années.
Le manque de rythme perçu par certains spectateurs s'explique par la nécessité de consacrer une partie du film à de la pure action, pour les enfants. Pour cette même raison, j'imagine, le désir est absent, en tant que tel, parmi les personnages-sentiments. Seules quelques allusions y sont consacrées. A ce niveau, la référence de Pixar reste évidemment Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe.
Comme souvent avec Pixar, une fois la séance finie, je n'ai eu qu'une envie : revoir le film.