Vice-versa
7.5
Vice-versa

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Ronnie del Carmen (2015)

En baisse de régime depuis 2010, Pixar n'en reste pas moins gage de grande qualité et il n'y a toujours guère que "Cars" pour vraiment me filer des boutons. Une nouvelle fois, c'est très sympa et j'ai du mal à résister, mais l'unité grandiose d'une aventure à la "Toy Story" (par exemple) manque. La déception a failli pointer plus que le bout de son nez si la dernière partie n'avait pas su véhiculer l'émotion de ce petit bout-de chou. Peut-être ces couleurs trop Candy Crush, c'est joli hein, bien trouvé et tout mais c'est lisse, ouateux, trop acidulé, trop délimité par le champ actuel de la synthèse (lego movie, monde de ralph, 5 légendes, etc), trop limité dans son chara-design pour m'exclamer dès la BA : wouaah, c'est kro beau ! Là non, ça sentait un peu trop la boule de gomme sur pattes, le renouveau désigné du miracle Pixar et les humains sont toujours le même tas de polygones assez générique. Les persos de Toy Story sont peut-être plus moches (quoique) mais ils sont vraiment différents, ne serait-ce que leur texture, ont tous une identité très forte, un intérêt clé pour l'histoire, un caractère bien à eux, une certaine subtilité qui manque à ces 5 chewing-gums trop enfermés dans leur dénomination, leur rôle.


Tout le monde a déjà tout dit du côté du problème. Les 5 émotions sont au premier rang, surtout joie et tristesse, et le reste tente de suivre le ride, et Riley en pâtit. Elle est mignonne et la mise en place de ses émotions est assez géniale, c'est le core concept du film, ça marche bien, mais ensuite, joie et tristesse se cassent, coupant court à un passionnant conflit finalement jamais remis sur la table. Les autres émotions font alors ce qu'elles savent faire, basiquement, et au final, on n'a qu'une petite fugue assez anecdotique (bonjour Toy Story 3). D'un coup, le récit s'en trouve limité et se cantonne à la visite ultra-référencée des différentes parties du cerveau ce qui subodore bien vite que toutes les îles vont se casser la margoulette et que le retour au QG se fera in extremis. C'est malin, bien vu, sympa et rythmé donc cette imagerie spirituelle foisonnante, mais la vraie surprise s'en est allé, celle qui faisait qu'on ne savait pas du tout où ça allait nous mener. D'un seul coup, c'est plus qu'évident que joie et tristesse vont finir par revenir et c'est tout de même le seul suspense du film. On aurait tellement pu avoir un truc grandiose en suivant les émotions sur toute la vie de Riley, mieux chez tout le monde au lieu d'elle seule. Le générique de fin et les quelques passages dans la tête des parents montrent d'ailleurs ce qui aurait pu donner un film bien plus drôle et complexe.


Trop réducteur en fait... J'ai vraiment eu l'impression qu'une fois le concept pondu avec toutes les originalités et la grandeur de l'univers intérieur, Pete Doctor et son équipe se sont grandement reposés dessus, sur la représentation fantastique de l'esprit façon visite guidée d'un parc à la "Il était une fois la vie", mais ont délaissé la complexité de la vrai vie de Riley pour n'en retenir que quelques souvenirs clés et une petite fugue sans véritable intérêt. Alors que joie et tristesse passent par pleins de pièces sympathiques et colorées du cerveau mais c'est surtout pour l'anecdote en fait, ce qui crie rapidement à ton coeur "regarde, c'est l'inconscient, c'est cool !" "et ça, le déjà-vu, trop bien trouvé !", "et ça !", "et ça !", etc, plus que pour faire avancer quoi que ce soit. Ah si, il faut savoir mélanger les émotions pour grandir, bon d'accord...


Dommage car, il n'en faudrait pas beaucoup plus pour être complètement conquis mais en attendant, il (me) manque quelque chose. Un peu comme "Là-Haut", il y a un univers très plein et une aventure un peu vide.

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le 10 août 2015

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drélium

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