Vicky Cristina Barcelona par Gérard Rocher La Fête de l'Art
Barcelone est une ville qui inspire réellement Cristina et Vicky, deux jeunes américaines au tempérament totalement différent. Vicky va bientôt épouser l'homme de sa vie et tient à rester très sage alors que Christina n'a rien contre quelques moments "chauds" malgré son émotivité persistante. Sous le ciel bleu de Barcelone, les deux amies vont faire la rencontre de Juan Antonio, un artiste peintre un peu énigmatique venant de divorcer de Maria Elena, une femme au tempérament bouillant avec laquelle il n'a pas vraiment coupé le cordon affectif. Les aventures et les conflits et les passions amoureuses vont s'exacerber entre Juan Antonio et les trois femmes.
La beauté de Barcelone, son ambiance, son ciel et sa chaleur sont très propices pour que nos deux copines vivent un séjour assez torride. Il est très difficile pour Vicky la future mariée de rester solitaire face à la fougue de Cristina avide de relations amoureuses. Toutefois celle-ci est sujette à quelques problèmes d'anxiété et ceux-ci ne vont-ils pas rendre la sage Vicky vulnérable face aux avances plus ou moins visibles d'un beau séducteur comme Juan Antonio avide de monter ses collections de peintures et autres? Vicky se retrouve éprise alors de liberté en observant son futur mari enfermé dans le cocon familial bourgeois, aux idées très rétrogrades. Juan Antonio va profiter de cette aubaine. Toutefois mal lui en prend car son ex-épouse hante toujours ses pensées et lorsqu'elle réapparaît la situation va devenir très embarrassante pour tous. La situation n'est pas toute simple non plus pour le futur mari de Vicky voyant remise en cause sa vie future avec celle-ci. La liberté n'est pas toujours facile à vivre pour Cristina, elle n'est pas non plus facile à appréhender pour Vicky pendant que Juan Antonio reste empêtré par la toile soigneusement tissée par Maria Elena.
Woody Allen en réalisant ce film ne nous entraîne pas uniquement dans une comédie de mœurs pouvant parfois prêter à sourire au milieu de paysages idylliques, il nous réunit des personnages complètement différents, que tout oppose. En partant de ce fait il nous démontre que rien n'est vraiment facile en amour. Il peut se montrer sous son plus beau jour et devenir très vite conflictuel par la faute d'un idéal que l'on essaye toujours d'obtenir sans l'atteindre. Chaque personnage semble avoir trouvé une solution pour satisfaire son existence, mais il y a toujours cette insatisfaction persistante, ce petit grain de sable qui vient s'insérer dans les méandres de la vie qui font que tout dérape et se casse la figure.
Bien sûr j'ai reconnu tout de suite la patte de Woody Allen dans cette œuvre mais malheureusement j'ai trouvé que cette patte était parfois un peu mollassonne. Ce film manque de piquant, de vivacité en se fourvoyant durant de longues minutes sur la beauté des paysages locaux, ce qui nous éloigne un peu de l'intimité qui règne entre les personnages. Cela est d'autant plus dommage que l'analyse faite par le réalisateur sur l'insatisfaction éternelle en amour est très juste. Malheureusement seul le couple formé par Maria Elena (Penélope Cruz) et Juan Antonio (Javier Bardem) sort de la torpeur ambiante. Vicky (Rebecca Hall) n'a pas ici l'étoffe pour m'entraîner dans ses incertitudes et dans l'évolution de ses désirs. Quant à Cristina (Scarlett Johansson) j'ai franchement trouvé son jeu fade et son personnage sans grand intérêt par rapport aux trois autres.
Ce n'est donc pas tout à fait un ratage de Woody Allen ce film mais ce n'est pas non plus une franche réussite. J'ai connu le réalisateur plus consistant dans beaucoup de ses œuvres et "Vicky Cristina Barcelona" ne m'empêchera pas de reconnaître que nous avons affaire à un maître du cinéma qui n'a jamais réalisé, à mon avis, un seul mauvais film.