Virginie Efira est devenue depuis quelques années la grande spécialiste des comédies françaises romantiques.
C’est vrai qu’elle est jolie comme tout et naturelle, mais au bout d’un moment ça devient difficile de lui échapper.
Autant dire que voir son nom au générique nous pousse à cataloguer directement le film dans la catégorie des “potentiellement sympa mais sans plus” ou des “à fuir de toute urgence” selon notre degré de tolérance.
Sauf qu’ici la comédie romantique n’est pas tout à fait ce qu’on pourrait imaginer, et à vrai dire s’il n’y avait cette bande annonce trop bavarde et si le spectateur avait la chance de découvrir le film à l’aveugle, il pourrait profiter pleinement de la surprise et se demander longtemps où on veut l’emmener.
Parce qu’on commence avec une femme déprimée, avocate et mère de famille en plein marasme, à l’image d’un appartement en bordel permanent.
Rien ne tourne très rond chez une femme pourtant séduisante, a priori posée professionnellement et qui a vécu des jours plus heureux faits d’insouciance et de réussites.
Victoria est dans une phase de perte de soi, une situation où tout semble s’échapper peu à peu, et le film tout en jouant toujours sur l’humour à grand renfort de dialogues bien sentis pourrait vite devenir déprimant.
Sauf que c’est bien fait, et qu’on se retrouve un peu dans cette héroïne, dans son manque d’entrain, dans ses soucis qui jouent l’effet boule de neige, commençant petits pour finir par ressembler à des montagnes.
Des obstacles bien communs pourtant tournés de manière légèrement décalée nous permettant de regarder le tout avec distance et en appréciant cette chronique d’une perte d’entrain.
Alors où est cette fameuse comédie romantique?
Et bien pendant une bonne partie du métrage on n’est pas certain de ce qu’on nous propose et cette indécision dans le ton fait échos aux choix imposés ou pas toujours assumés de Victoria.
La réussite du film, c’est d’arriver à glisser une part d’extraordinaire dans des situations classiques, et de faire passer des choses absurdes pour tout à fait normales.
L’ensemble fait une sorte de melting pot entre des morceaux de vie crédibles et des moments à la limite du surnaturel, si bien qu’on ne s’ennuie pas un instant.
Les acteurs sont géniaux, Virginie Efira en particulier, on découvre avec elle un personnage torturé bien loin de l’héroïne de romance habituelle, les autres se défendent bien aussi, on ne demande qu’à les suivre, qu’à comprendre ce qu’ils font là et pourquoi. Et en plus ils sont tous bien agréables à l’oeil- ce qui ne gâche rien.
Autre point positif du film: le soin apporté à l’emballage: musiques, décors, mise en scène, on sent un vrai travail et une recherche de belles images assez inhabituels dans les métrages estampillés “comédie”.
Victoria est donc une très bonne surprise, qui amène un peu de fraîcheur et de pétillance bienvenues en période de rentrée.