Suivre les errances nocturnes d'une jeune touriste, en temps réel. Le postulat de "Victoria" est à la fois simple et ambitieux. Le plan séquence de plus de deux-heures-et-quart est probablement artificiel, mais cela fonctionne très bien et il captive de bout en bout.
La première heure est fascinante, animée, touchante. On est tout de suite embarqué dans cette ambiance de soirée. Les acteurs sont tous d'une spontanéité stupéfiante. La rencontre fortuite est atypique; pour autant, jusqu'à un moment donné, elle garde une forme parfaitement réaliste. La première partie est d'une beauté rarement atteinte au cinéma, portée par une qualité d'interprétation remarquable. C'est quand on touche à un certain degré de poésie que la partition part dans des tons plus graves.
La narration prend un tournant dramatique et c'est dommage. Avec la simplicité, on perd l'euphorie et l'enthousiasme de départ. Ce n'est pas le réel problème de l'évolution du scénario, le propos se veux alarmiste (mais pas moralisateur) sur les débordements nocturnes. Cela dit, c'est dommage de noircir le tableau à ce point, surtout avec un tel potentiel de vigueur et de vivacité.
Le film reste de qualité, d'autant que ce contre-pied est voulu.