Un fond noir, de l'électro. Le générique de début commence, nous indiquant qui a travaillé sur le film, sans nous en montrer d'image pour le moment. La simplicité est de rigueur, jusque dans le titre, affiché dans une police simple, et de petite taille. Lorsque ce générique se termine, Schipper nous met face à un plan épileptique à base de stroboscope et autres lumières de boîtes de nuit. La caméra nous salue, et nous montons sur son dos pour deux heures de métrage.
On découvre une jeune femme, une petit brune s'amusant en dansant de manière acharnée. Elle est seule, et va se commander à boire au bar. Schipper nous démontre de suite que son héroïne n'est pas française, et est en Allemagne. Après rencontre d'une bande de Berlinois se faisant refusé de la boîte, elle décide de les suivre.
Ce film est connu pour une chose, son plan-séquence. Et lorsqu'un film se tourne en un plan séquence, une question se pose; le réalisateur pose-t-il juste ses couilles sur la table, cette mise en scène est vraiment utile à la narration ? Ce plan séquence glisse, et nous ballade tranquillement dans les rues de Berlin pendant que Victoria fait connaisance avec les Berlinois. Il n'est pas la par hasard, et nous fait suivre ces cinq jeunes sans nous mentir, sans couper.
On apprécie dès le début cette fille: Victoria. Schipper nous met en scène une jeune femme, seule dans un pays qu'ellene connait peu, mais qui pourtant ne semble pas si malheureuse. Elle danse, boit, se ballade seule la nuit. Elle est une femme libre, non sublimée, en somme une jeune femme des plus basiques dans la vie de tout les jours, mais rare dans l'histoire du cinéma.
Ces quatres inconnus allemands sont pour elles ses premiers contats dans ce pays dans lequel elle vit depuis peu. Ils sont louches, se font virer de la boîte de nuit, tente de voler une voiture, mais elle accepte leur compagnie, car elle n'en a pas d'autre. Schipper nous ballade ensuite avec sa caméra dans Berlin, et nous montre la personnalité de ces jeunes Berlinois. Ils sont drôles, ont l'air heureux, mais ont aussi l'air louche. Cett longueur dans le dialogue, que certains peuvent détester, est assez long pour que l'on commence à avoir cette paternité envers Victoria, et que l'on se demande s'il va lui arriver quelque chose.
Ces Berlinois, on le sent, sont louches. Ils mentent, et leur mode de vie n'a pas l'air standard. Ils volent sans problème, et sont à deux doigts de se battre avec deux autres Berlinois. Mais malgré tout ça, Schipper nous les filme de manière attachante, au point que nous les voyons plus comme des enfants ayant perdu leurs parents trop tôt.
Les Berlinois décident d'emmener Victoria avec eux sur le toit d'un immeuble pour boire les bières qu'ils ont volé. Victoria accepte, et Schipper coupe le diaogue. Leur ballade jusqu'au toit est silencieuse; il n'y a plus de voix, de bruitages, même plus le son de la ville, mais simplement une musique douce, comme pour illustrer la joie de ces cinq jeunes personnes. Schipper en profite pour nous filmer ses personnages en gros plan, dans la lumière d'un ascenseur, pour nous montrer leur tête tout ce qu'il y a de plus sympathique.
Une fois sur le toit, le dialogue revient, et on remarque cette incroyable fraternité dans la bande. Victoria est la seule femme, et bien que Sonner, l'un des Berlinois, est très avenant avec elle, les autres l'accueillent sans la voir comme une proie sexuelle, mais ils lui servent de la bière, l'appelle "sister", et Victoria se sent en sécurité autour de cette bande aux bonnes attentions.
Malgré la fraternité de la bande, on sent aussi un certain rapport de force. Une multitude de "Je suis pas un pédé" viennent, et on sent déjà un rapport à la virilité et la force très appuyé. Boxer, grand chauve au physique imposant, a une inscription à la main. Lorsque Victoria lui demande ce que c'est, il li exlique qu'il a fait du mal à quelqu'un, et qu'on lui a fait payé. Ancien taulard ons e dirait, mais ce garçon devient touchant à ce moment, car il ne souhaite faire peur à Victoria en disant cela, mais il ne cesse de lui répéter qu'il n'est pas méchant, qu'il n'est pas quelqu'un de mauvais. Il le répète comme pour se le rappeler et s'en convaincre. Ce grand tas de muscle est de suite perçu comme un être profondément sensible et blessé, qui ne souhaite qu'une chose: se réparer.
Quand Victoria décide de rentrer, Sonner, très charmeur décide de la raccompagner. Ensemble, ils vont donc au café ou Victoria travaille. On remarque ecore une fois la manière non sublimé avec laquelle Schipper met en scène son héroïne principale. Elle est filmée à sa juste valeur, et Schipper nous force à voir outre le physique de cette jeune femme, pour s'attacher à sa personnalité, ses faiblesses, ses forces et tout ce qui fait son charme.
Une fois au café, Victoria invite Sonner à venir boire un café. Sonner s'infantilise en disant qu'il n'aime pas le café et préfère le cacao. Cela est le début d'un moment intime entre eux deux, ou chacun vont s'échanger quelques faiblesses. Ils flirtent explicitement, mais c'est Victoria qui mène la danse. Elle prononce des phrases sous un ton ironique comme "Je crois que j'suis en train de tomber amoureuse la" ou "Tu es ma muse". Ces dialogues sont intéressants car le jeune homme, perd ses moyens face à ces paroles frontales, et perd sa place de réel dragueur. Il n'est pas à l'aise avec l'amour alors que Victoria si.
Cette intimité aux couleurs chaudes est coupée lorsque Boxer revient chercher Sonner. On apprend que Boxer a fait de la prison, et qu'un homme la protéger la-bas. Il doit de l'argent à ce type, et doit lui rendre des services pour payer sa dette. Fuss, l'un des Berlinois, se met à vomir et n peut aller au rendez-vous donné par le malfaiteur, c'est donc Victoria qui se retrouve rapatriée pour le remplacer. Elle ne sait ce qui l'attend. Le spectateur, lui, en a une petite idée, mais est curieux.
Elle conduit une voiture volée, guidé par Boxer. Elle ne sait ou elle va. Schipper nous ôte le son, et nous installe une musique calme, mais stressante, qui ne ment pas, et nous indique que le ton du film, va désormais changer.
Ils arrivent dans un parking en sous-sol, accueilli par un homme armé d'une mitraillette. Victoria ne sait ou elle est, et ce qu'elle fait. Les Berlinois sortent et discutent avec ces malfaiteurs, alors que nous restons dans la voiture, encore protégé de cela, avec Victoria. Un seul son, celui de la lourde respiration de Victoria, tétanisé par cet univers sentant l'arme et l'argent volé.
Après leur avoir expliqué ce qu'ils avaient à faire (voler l'argent d'une transaction de banque) les Berlinois et Victoria sont forcés de prendre plusieurs drogues pour se booster et se rendre plus agressif. Ils remontent ensuite en voiture, toujours pilotée par Victoria. La drogue fait effet, et c'est comme si la caméra en avait pris elle aussi. Les personnages deviennet fous, accablés par le stress, la tension et la drogue, et la caméra agit comme eux; dans tout les sens. Le jour commence à peine à se lever à Berlin, nous avons quitté cette nuit festive, hors du temps, et revenons au jour, comme si l'arrivée du jour était la réalité rattrapant nos Berlinois.
Lors du braquage, Schipper décide de calmer sa caméra, et de rester dans la voiture, avec Victoria, et il nous offre un braquage, vu depuis le chauffeur, attendant dans la presion ses collègues, sans savoir si tout se passe bien. L'attente interminable et horrible, accompagné de la peur de l'échec crucial.
Après le braquage, la caméra stresse, panique, comme les personnages. Les jeunes décident d'abandonner leur véhicule voler, et d'aller fêter leur braquage réussi dans la discothèque ou ils se sont rencontrés. Schipper nous enlève cette ambiance lourde et énergique du club techno, et nous remet une musique douce, pendant que ces jeunes désormais amis, dansent. La musique est calme, et rythme plus l'amour et l'euphorie que chacun ressent.
Quand on en arrive à ce stade de visionnage, on se rend ompte que le film est connu pour son plan-séquene, mais que le traitement de la musique par Schipper est tout bonnement incroyable.
L'euphorie musicale se termine, lorsque les videurs du club les virent. Ils sortent, toujours aussi heureux, le soleil commence à éclairer Berlin. Alors qu'ils comptent revenir à la voiture, ils remarquent que celle-ci est encerclé par des policiers. Ils fuient enc ourant, mais sont vite remarqués par les policiers qui se mettent à leur poursuite. Sonner sort son pistolet, la caméra panique, et fait des mouvements brusques, et nosu filme ces personnages de manière déconstruites, les rendant de plus en plus laid. Le silence règne encore, et Schipper nous laisse dans une action ryhtmé par une simple musique douce.
La caméra en plan séquence prend tout son sens à partir de ce moment. Elle nous fait suivre les braqueurs, et nous donne autant d'infos qu'eux. Blanker se fait touché, on ne l'aperçoit que quelques secondes après l'impact, sans savoir si ce dernier est mort ou juste blessé. Boxeur pète un plomb, et se lève pour tirer sur la police. La caméra fuit, sans nous donner l'information du sort de Boxeur, préférant suivre Victoria et Sonner, qui partent se cacher dans un appartement, braquant de jeunes parents et leur bébés.
Ils paniquent, et veulent se servir du bébé de ce couple pour s'échapper et prétendre être quelqu'un d'autre.
Schipper nous attache tellement à ces personnages principaux que nous avons envie qu'ils s'en sortent coûte que coûte, nous mettant dans leur camp quand eux, veulent voler un bébé pour échapper à leur sort. Il joue avec nos sentiments en nous montrant des malfrats sous leur forme la plus humaine. Le simple fait de contextualiser le braquage et pas juste de le montrer nous déchire le coeur.
Sonner et Victoria s'échappent, abandonnent le bébé, et prenent le taxi jusqu'à l'hôtel. Sonner se sent de plus en plus mal, et uen fois à l'hôtel, Victoria se rend compte que ce dernier a une balle dans la poitrine. Ils s'enferment dans leur chambre, aux couleurs froides, tellement que l'on pourrait croire que le fim devient monochrome. Cette pièce sans couleur est déjà comme un cercueil pour Sonner, qui meurt après avoir découvert aux informations que Blanker et Boxer sont morts des balles de la police. Victoria perd l'homme qui en quelques heures, a été sa première conversation allemade, sa première intimité allemdande, et son premier amant allemand. Un espèce d'accordéon morbide accompagne les pleurs affreux de Victoria, désormais seule dans ce pays ou elle ne connait rien, même pas la langue, et ou elle est considéré comme dangereuse. Schipper nous la filme dans l'obscurité pour ses pleurs, puis elle décide quitter l'hôtel.
Victoria sort, elle est seule, Berlin est calme. Le jour s'est complètement levé, le ciel est désormais beau et ensoleillé. La caméra s’arrête enfin, laissant Victoria partir au loin, comme si cette bande de berlinois avait été un fardeau, comme si la caméra était le danger. Schipper finit son film sur un cut au noir brutal, nous rappelant le titre "Victoria", nom prononcé qu'une seule fois dans le film.