En 1982, David Cronenberg réalise ce thriller éprouvant sur les dangers de certains programmes TV, leurs dérives, leurs aberrations surtout lorsque c'est dirigé vers le meurtre, la torture et la violence sexuelle ; le film dénonce les snuff-movies et met en garde contre l'abus d'images, ça sent par endroits le produit bricolé, mais plus de 30 ans après, on réalise à quel point le cinéaste était visionnaire sur l'émergence d'univers virtuels, en s'interrogeant sur le voyeurisme imposé par la force des images qui contaminent de façon effrayante le corps humain, on sait que Cronenberg a toujours été subjugué par les mutations de l'organisme et par tout ce qui en bouleverse la constitution naturelle.
D'un certain côté, le réalisateur renvoie le spectateur face à ses propres obsessions et prouve que le fantastique peut utiliser un autre langage que l'hémoglobine à outrance. Porté par un James Woods complètement habité et quelques effets choc étonnants en 1982 (ils le seront peut-être un peu moins aujourd'hui), le film inaugure l'obsession de Cronenberg pour le malsain et le nauséeux qu'il poussera au paroxysme dans ses films suivants. Un film qui contient tous les ingrédients du fantastique, l'intelligence du propos en plus, en dépit d'un certain goût de l'épate, mais malgré ces bonnes intentions, ce n'est pas un film qui me met très à l'aise, d'où ma note assez mitigée.