En 1983, David Cronenberg enchaîne deux productions sensiblement différentes. La première est une œuvre de commande, l'adaptation cinématographique du roman "Dead Zone" de Stephen King, la seconde est un film écrit par ses soins : Videodrome. Revenu à ses premiers amours quasi-expérimentaux, le réalisateur canadien nous entraîne dans une histoire oppressante où un producteur de chaînes télévisées ultra-violentes met la main sur une cassette vidéo délivrant un programme assez particulier qui va lui altérer l'esprit jusqu'à un point de non-retour où il est impossible de déterminer où est la réalité...


Le scénario ayant été écrit au fur et à mesure que le tournage avançait, on peut aisément se perdre dans cette intrigue fantastique très souvent incompréhensible où nous entrons dans un univers mêlant technologie, sexe et bizarreries organiques (une obsession chez Cronenberg). Ainsi, plus le film avance, plus l'on se perd dans les dédales de cette quête de vérité pour ce producteur un brin trop curieux qui va plonger dans un véritable cauchemar éveillé dans lequel il s'est enseveli. Campé par un James Woods comme d'habitude fascinant, le personnage central de Videodrome est un producteur à l'attitude désinvolte, un être à la mentalité abjecte qui va pourtant être immédiatement sympathique, surtout lorsqu'on découvrira un bestiaire humaine plus dégueulasse encore.


Appuyé par l'angoissante musique de Howard Shore, les impressionnants effets spéciaux (toujours aussi bluffants) concoctés par Rick Baker et la mise en scène halluciné de Cronenberg, le long-métrage est une aventure inoubliable peuplée de séquences déroutantes et irrémédiablement cultes à l'instar du "plongeon" dans la télé, du ventre-magnétoscope ou encore de cette mutation finale décérébrée où notre héros devient une véritable machine à tuer quasi-robotique. Dénonçant habilement le pouvoir hypnotisant de la télévision et critiquant avec malice la société de consommation, Videodrome est une œuvre singulière, aussi déconcertante que passionnante, devenant la pierre angulaire du style cronenbergien par excellence.

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le 3 avr. 2019

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