Videodrome est le film séminal de Cronenberg. Celui qui contient tous les tropismes du cinéaste ; les corps en mutation évidemment, l'opposition entre deux groupes dont l'un incarne le bien - ici, la Nouvelle chair - tandis que Videodrome incarne le mal absolu, ou l'altérité entre réel et fantasmes.
C'est aussi un manifeste politique où, bien avant d'autres réalisateurs et avant qu'il ne rejoue lui-même la même partition des années plus tard, il met en scène la fascination du public pour la violence. Et le personnage de producteur amoral, joué par James Woods, comme toujours excellent, préfigure bien des personnalités de nos médias contemporains.
C'est aussi un film labyrinthe, largement dense, où on se perd un peu et où certaines scènes chocs marquent durablement. Si Cronenberg aura répété la recette plusieurs fois, dans le genre numérique et fun avec Existenz, ou dans le genre hermétique avec Les crimes du futur, Videodrome reste le plus abouti de ses films.