Mini sauvageon gentillet qui dit bonjour à la Dame
J’appréhendais un peu ce film, je l'avoue. Mais la présence des Dardennes à la production semblait assurer un certain gage de qualité, promettre un film qui ne serait pas aussi bobo qu'il en avait l'air.
Au début, c'est ce que j'ai pensé. On entre directement dans le film, ça crie, ça hurle, peu de sentimentalisme, ici la vie est brutale et mouvante. On sent bien l'influence des Dardennes, et je m'attendais vraiment à ce que le film entier soit comme ça, direct et brutal, cherchant la vérité plutôt qu'un idéal hippie.
Sauf qu'au bout de vingt minutes, c'est le drame. Voilà, Kassovitz part en vacances avec les enfants dans la Creuse. Et là, on découvre comment faire du fromage de chèvre, comment apprivoiser un papillon, comment allumer un feu de camp, on apprend que l'homme blanc a inventé le carré parce qu'il est très méchant etc... Evidemment, histoire de tuer le peu de subtilité qu'il restait de la première demi-heure, on colle une douce musique de Chopin au piano en fond. Au cas ou on se demande si leur vie libre et dans la nature est belle, tu comprends. Heureusement, pour qu'on ne s'emmerde pas trop, de temps en temps il y a une séquencette où Kassovitz, qui joue très bien d'ailleurs, recommence à "nuancer" un peu ce qui se passe, quelque chose qui se rapproche du début. Mais généralement, ça ne dure pas bien longtemps et ce n'est pas fouillé du tout. En parlant du jeu d'acteur, il faut noter que les ados sont particulièrement insupportables, et leur mère en fait beaucoup trop.
Mais le film prétend être plus qu'un tour de nos belles campagnes destiné au parisien lambda. Il cherche à développer un thème, et quel thème! Celui du libre arbitre des individus, voir même des enfants, dans le monde d'aujourd'hui. Sauf que c'est un peu traité n'importe comment. Le problème, c'est que pour parler du thème, vu que son cinéma n'est absolument pas "vérité", il est obligé de mettre des dialogues bien lourdingues du genre: "On ne peut pas choisir quand on a 8 ans!" etc... Bref, on ne pèse jamais le pour et le contre du système hippie que le père adopte, les personnages ont une vie normalement difficile mais ne semblent jamais avoir d'obstacles (ben oui, quand il y a la police qui te retrouve, un ami te prête sa camionnette + 500 balles à l'arrache et en avant!).
Surtout qu'en plus le film se paie le luxe d'avoir une fin qui contredit un peu tout ce qu'il racontait pendant l'histoire, tout en étant improbable (je sais bien que c'est une histoire vraie, mais si ça c'est vraiment passé comme ça, ben les types qui l'ont vécus doivent être un peu cons...) En plus, le film passe a côté de tout un pan de son sujet en oubliant pleins de trucs importants par rapport à une vie comme celle là, comme la question de la réintégration par exemple. Parce que oui, faire un plan ou un gentil papa avec un singe rigolo sur l'épaule, à ses enfants tout gentils, ce n'est pas traiter le sujet de l'éducation hors du cadre de l'éducation nationale.
Bref, c'est très bien pensant, c'est très simplet, c'est très lourd et didactique (je mets des flammes au premier plan devant un couple pour symboliser qu'il va mal finir tu vois?), ce n'est pas vrai pour un sou sauf au début.
Apparemment, Cédric Kahn est réputé pour être un "bobo", je ne sais pas exactement ce que ça veut dire, mais le film se rapproche beaucoup de l'idée dont je m'en fais.
Une copie de philo bâclée et bien pensante.