Il y a dans Vie Sauvage à la fois une force vive, un recul appréciable (bien qu'insuffisant), et une certaine justesse. Il n'y a pas d'excès de caricatures ni de manichéismes, mais il y en a tout de même (notamment dans le point de vue adopté sur les collectifs où vivent les 3 personnages en cavale).
Le film travaille beaucoup à dégager l'humanité des personnages, leurs différences de caractère, d'humeurs, leurs émotions et leurs relations. A coté de ça, le vécu familial, leur peur d'être découverts, a autant de poids que le questionnement idéologique (sur le mode de vie, les relations aux autres, à la nature ...). Sur les convictions, les valeurs, on est loin du manichéisme et proche de ce qu'on peut vivre : le père n'est ni un fou, ni un asocial, ni un sage ; les enfants ne sont ni des victimes ni des marionnettes ni des asociaux, etc ... Le bien-fondé des croyances et comportements de chacun (et pas seulement des trois protagonistes) est indissociable de leurs partis pris et de leurs petites hypocrisies.
Ce film permet aussi d'avoir un très bref aperçu de modes de vies alternatifs, et surtout ici de lieux de vie collectifs, dans des endroits qui pour le coup sont assez isolés – cavale oblige.
Ces lieux sont parfois fortement empreints d'une négativité qui flirte avec des stéréotypes pas si fondés que ça (je ne sais pas si ça découle du vécu malchanceux du réalisateur ou de ses préjugés, mais passons ...)
A savoir : les collectifs comme ça, ça existe aussi plus près de la ville, avec des voisins, sans gros drogués, et sans les grosses engueulades, etc ... ;-)