Mystery Fire
Présenté à la section Un Certain Regard du Festival de Cannes 2019, Viendra le feu d’Oliver Laxe marque un grand coup. Le film est une longue errance dans la campagne espagnole, naturaliste et...
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le 4 sept. 2019
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Un film en suspension entre deux scènes d'une puissance rare : l'abattage nocturne d'arbres qui semblent soudainement s'incliner devant un assaillant tyrannique dont on ignore la nature, jusqu'à ce que les bulldozers s'inclinent eux-mêmes devant le père de tous les arbres, rendu immense par une caméra astucieuse qui lui rend sa nature de titan. Et l'apparition fantomatique d'un cheval à demi-calciné par les flammes qui ont ravagé la Galice une fois encore, les yeux brûlés et les pattes étiques. L'histoire semble convoquer des esprits qui nous dépassent mais nous semblent malgré tout familiers, comme un écho d'une vie sauvage que nous n'avons pas connue mais qui a planté secrètement en nous ses griffes indifférentes au Bien et au Mal. C'est toute la force de ce film peu loquace, qui rappelle un peu Los silencios, cette belle méditation colombienne sur la mort et l'absence. Ici, on est au milieu des villageois galiciens, à l'espagnol chantant et de peu de mots, des gens attachés à leur terre et malgré tout ouverts à une forme de globalisation dont ils espèrent vaguement tirer profit en monnayant les charmes de leur petit coin du monde. On voit bien que ça reste un rêve, comme on comprend également que le héros, Amador, porte avec lui des spectres qui nous restent inaccessibles. La clé se trouve peut-être dans les quelques phrases qu'il échange avec sa vieille mère, ratatinée et vive, qui escalade les coteaux comme un jeune cabri, ou avec la vétérinaire venue de la ville, qui écoute de la musique anglo-saxonne comme elle écoute les conversations hermétiques des locaux. On sait depuis le titre poétique que l'incendie va revenir, on l'attend autant qu'on le redoute, sans connaître les liens qui l'unissent au protagoniste. Il faut renoncer à être sûr, mais ça n'empêche pas de suivre avec intérêt ce qui se trame à l'écran, jusqu'à un dénouement taciturne et farouche comme un galicien...
Créée
le 7 nov. 2022
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