Partez en vacances avec Isabelle Huppert
Le plus beau c’est le délicieux vertige qui nous emporte, quand elle part toute seule sur la route, en laissant son ancienne vie derrière elle comme une vieille peau, ça c’est beau. Le film gagne en rythme, la caméra se fait plus discrète, on suit l’héroïne sans rien dire, on part sans se retourner. La caméra devient presque subjective, alors on oublie tout. On a tous rêvé de faire ça, partir pour nous réveiller dans un pays lumineux car nouveau, dont on ne comprend pas la langue, et parler le langage des signes. Là ce n’est pas le cas, heureusement, ou malheureusement, elle est polyglotte l’héroïne. Cette évasion est idéalisée, un peu trop, cependant les paysages sont magnifiques. Voilà un film qui aurait très bien pu se passer de dialogue le moment venu quand elle trouve la fameuse villa, vieille bâtisse décrépite digne d’une carte postale, et verser dans la pure contemplation, pour le plus grand bonheur du spectateur. Malheureusement le metteur en scène s’embarrasse d’un traumatisme lié à l’enfance, d’un mari volage caricatural, qui auraient déclenchés ou justifient la fuite, en faisant fin du libre arbitre de la dame. Et puis son ancienne vie revient comme un fantôme pour gâcher le film. Ce détail m’a gâché mon plaisir, et m’a fait redescendre sur terre. Un paysage à la fois aride et beau, un moment d’évasion, et Isabelle fragile comme un roseau devient peu à peu un élément du paysage.