Qui mieux qu'Isabelle Huppert aurait pu incarner Eliane, la pianiste renommée Ann Hidden ( nom prédestiné s'il en est quand on sait que "hidden" signifie "cachée"), qui du jour au lendemain largue les amarres, quitte tout et part, sa vie ressemblant alors à ces sacs poubelle qu'elle entasse, petite femme fragile en apparence mais si déterminée ?!
Elle ne sait pas où elle va mais elle sait ce qu'elle ne veut plus et elle avance, comme obsédée par l'unique et soudaine volonté de faire le vide autour d'elle pour mieux se retrouver, seule et sans attaches affectives et matérielles, libre enfin de vivre, lestée de toutes ces contingences, des poids qu'elle ne supporte plus, à la recherche d'une vérité qui la libère, telle qu'en elle-même enfin.
Une réflexion une fois encore sur le sens de la vie, ce que nous sommes, et comment chacun peut se réaliser en revenant à l'essentiel, en renonçant au superflu, aveuglé qu'on est par de fausses valeurs.
Jean- Hughes Anglade, l'ami retrouvé par hasard, nous offre une composition juste et sensible : il est la respiration du film, enfin un être de chair qui vibre, aime et vit, impressionné et troublé par cette femme qu'il a connue enfant et ne reconnaît plus, devenue brusquement étrangère à elle-même et aux autres.
Un parcours que l'on suit, un peu déroutés, jusqu'à cette Villa Amalia surplombant la mer étale sous un soleil de plomb, véritable paysage de retour aux origines.
Un film curieux et intrigant porté par la présence indéniable de cette petite bonne femme qui est à n'en pas douter une grande actrice.