"T'as pas l'impression parfois que le monde entier t'en veut ?"
Premier long-métrage de Stéphan Castang, une nouvelle preuve que le cinéma de genre français se porte (très) bien quand il exploite intelligemment son idée de base et qu'il va au bout de ses ambitions.
Quelque part au croisement de «It Follows» et de «Bird Box» (mais en mieux), une œuvre surprenante et viscérale, interrogeant la paranoïa, la marginalité et la violence qui peut sommeiller en chacun de nous.
Sorte de relecture moderne du mythe du zombie, le film en devient d'autant plus dérangeant qu'il se déroule dans un quotidien bien réel et qu'aucune raison, qu'aucune explication n'est réellement donnée quand à cette explosion soudaine d’hyper-violence.
Et à l'intérieur de ce monde où l'être humain cède, malgré lui, à ses pulsions les plus sombres, forçant notre protagoniste-réceptacle, Vincent (interprété par le très bon Karim Leklou), à se couper peu-à-peu de ce monde-là, c'est sa rencontre imprévue avec Margaux (une Vimala Pons spontanée et un peu perchée) qui va lui démontrer qu'il n'a pas forcément à être seul pour faire face à ce qui lui arrive.
Car à l'intérieur de ce film où le danger peut surgir de n'importe où, n'importe quand et surtout de n'importe qui, ce duo, fusionnel mais instable (l'un.e pouvant représenter un danger pour l'autre, et inversement), va devoir se faire confiance pour (sur)vivre dans ce monde qui part en vrille.
Une histoire de regards, de pulsions et de rencontre très réussie dans son ensemble, connaissant une petite baisse de rythme au milieu de son récit, mais regagnant en puissance dans son dernier tiers (à l'image d'une séquence illustrant encore un peu plus ce déferlement inexpliqué de haine et de violence).
Un survival original, maîtrisé et assez oppressant, le tout accompagné d'une touche d'humour et de romantisme. Et une nouvelle réussite pour le cinéma de genre hexagonal. Et ça, ça fait plaisir à voir.