Du jour au lendemain, Vincent est agressé à plusieurs reprises et sans raison par des gens qui tentent de le tuer. Son existence d’homme sans histoires en est bouleversée et, quand le phénomène s’amplifie, il n’a d’autre choix que de fuir et de changer son mode de vie...
Vincent doit mourir est une fiction horrifique dramatique de Stéphan Castang sortie le 15 novembre 2023.
Rares sont les films horrifiques hexagonaux que je trouve réussis, Vincent doit mourir en fait partie.
La haine au premier regard....
Vincent (Karim Leklou) est graphiste dans une entreprise lyonnaise. Il mène une vie sans histoire jusqu'à ce qu'Hugo, un stagiaire, lui assène un coup de pc portable en pleine figure. Quelques jours plus tard, il est agressé par un collègue qui tente de lui cisailler le poignet à grands coups de stylo. Attablé à un bistrot, il croise le regard d'un clochard qui le contemple méchamment, traverse la rue dans sa direction et se fait écraser par une voiture. Polytraumatisé, Vincent comprend vite que ce déchainement de violence qu'il inspire est dû au fait de croiser le regard des autres (Qu'il qualifie d'Eye contact). Après un accrochage inattendu mais assez comique avec 2 des enfants de ses voisins qui l'agressent sur le pallier, il décide d'aller se mettre au vert, loin de la grande ville.
Mais non Vincent, tu n'es pas tout seul.....
Ayant récupéré les clefs de la maison de campagne de son père, il taille la route vers une région moins urbanisée dans une vieille 504. Il apprend qu'il n'est pas le seul à susciter la violence gratuite et injustifiée de ses congénères. Un certain Joachim DB croisé au hasard lui donne quelques "tuyaux" pour survivre dans un milieu désormais hostile. Les parias s'organisent sur internet. Il est vital de couper tout lien social et d'avoir un chien qui, instinctivement sent poindre le danger et manifeste sa peur. Pour ce faire, Vincent visite un chenil et choisit Sultan, une femelle pitt bull super attachante, plus proche du système d'alarme que du chien de combat redoutable tel qu'on se l'imagine.
Et l'amour.....
Vincent est devenu accroc aux livraisons. La dernière fois qu'il a croisé le regard d'un de ses semblables, c'était celui du facteur qui a tenté de le tuer sur un curieux ring, une fosse sceptique qui débordait....
Chez Arnlod's, un dinner, il croise une serveuse Margaux (Vimala Pons), qui lui apporte sa commande à emporter jusqu'à son véhicule où il est resté assis (on n'est jamais trop prudent). Elle ne manifeste aucune hostilité à son endroit. Ils se revoient et finissent par se rapprocher. Lui racontant son quotidien infernal, il se heurte au scepticisme de sa compagne. Poursuivie par une meute de clients à la sortie du supermarché dans une séquence aussi effrayante que comique, Margaux comprend rapidement que Vincent n'a rien inventé. Il est vite obligée de la menotter car elle finit elle aussi par éprouver sporadiquement des pulsions de violence à son égard.
Un monde apocalyptique
Peignant un monde de plus en plus dystopique, Vincent doit mourir montre en creux une civilisation qui s'effondre, laissant la place au chaos ainsi qu'aux premiers survivalistes, la violence et l'agression physique devenant les seuls moyens d'interagir.
La réalisation est originale, alternant avec bonheur, ce qui est souvent tenté mais assez rarement réussi, les séquences dramatiques et l'humour noir. Le bourreau devient victime et inversement, avec la progression endémique de la violence qui enflamme tout le pays. Seule lueur d'espoir dans ce film bien sombre, Vincent et Margaux s'aiment et apprennent à survivre avec ce danger inexplicable et inexpliqué qui nécessite une vigilance de tous les instants. Il est difficile de ne pas voir derrière cette fiction une analyse pessimiste de la société post covid ébranlée dans ses certitudes dans laquelle les inconnues du quotidien génèrent une tension et une explosion des faits divers violents que l'Etat ne parvient pas à endiguer, certains parlant même de décivilisation....
trailer
Ma note:7/10