Les rouages du sentiment amical.(pas une critique,juste cinq remarques sur ce film de quat'z'amis)

1) Encore revu. Je ne l'avais pas compris et aimé mes première fois.

La "Mécanique Générale de Précision" de l'usine du film, fait écho à l'impression Générale de Précision Cinématographique du montage et du jeu des acteurs.

Il y a une cabane qui brûle, à cause d'enfants laissés sans surveillance.

Il y a un petit pont de bois qui casse sous un poids pourtant très léger de la littérature, Reggiani, Bout d’Homme sauvé des eaux, leur Boudu en voie de soi-disant échec.

Il y a une cabane reconstruite par une Belle Équipe mais pas de 5 ouvriers.

Autour de la table dominical , il y a entre autres, un italien, un hippie à tête d'immigré, un ouvrier, son patron, un docteur, un artiste etc. (La mécanique de l'harmonie?).

Un film bijou d'orfèvre sur entre autres le déclassement social, les pseudo échec et chute sociale.

2) Car c'est aussi l'histoire d'un déclassement d'un chef d'entreprise,

et l'ascension sociale de son ouvrier, par l'apprentissage.

Ils se croisent: au début, Montand conduit et dépose Depardieu (d'habitude en mobylette),

et à la toute fin, c'est l'inverse ("t'es garé où?").

(Entre temps, Montand est tombé d'épuisement sur le champ de bataille économique terrassé par une crise cardiaque, Depardieu le récupérant et le tenant au sol dans ses bras, comme dans une pietà ou deux soldats s'aidant).

Un film aussi sur le bétonisation des banlieues:

3)_"C’est l’évolution urbaine, c’est inévitable; il faut savoir s’adapter."

La scène du gigot s'est vraiment passée; chez Danièle Delorme et Yves Robert en présence de "Dabadie que Sautet et Robert se partageaient" selon le touchant documentaire 'Yves Robert, le cinéma entre copains'.

Ce n'est pas pour moi la meilleure scène de colère de la filmographie de notre Piccoli: il perfectionnera sa mécanique, notamment dans sa scène de colère de 'Rien sur Robert' (de Pascal Bonitzer en 1999, où il arrivait à faire taire...Fabrice Luchini).

Ce n'est plus pour moi la meilleure scène du film: j'ai cette fois préféré la marche dans la campagne, où ils sont filmés de loin avec surtout des bribes de dialogues hyper clé (notamment ceux de la femme qui se sait "trompée" et qui trompe mais ne le voit pas comme ça).

Des cris et mots au centre de cette 'scène du gigot'(mots parfois inaudibles), je préfère aussi sa suite et fin de Piccoli, dehors, entre les 2 amis, si bouleversants, s'excusant: "...c'est moi aussi, c'est tellement grotesque. Et je le sais, tellement." (à Reggiani)

4) un détail: j'avais oublié le zoom sur la photo de vacances de sa femme que regarde Vincent/Yves Montand ; elle se met à bouger et danser comme dans 'L'Impasse' du très francophile Brian de Palma de 1993.

'Quand on se ballade au bord de l'eau':

5) Cette fois, mon moment et mots préférés de 1974, qui m'ont fait écho en 2022,

sont ceux aussi d'un personnage lors de cette ballade proche du ruisseau,

les personnages sont filmés de loin;

je les entends en 2022 en plein mouvements de Grande Démission assez commun aux Etats-Unis, Angleterre et France suite aux années Covid, et en plein débat sur les bullshit jobs;

ce sont les mots de l'acteur Jean-Denis Robert (que j'ai pris pour un immigré, puis un hippie... celui à gauche de Piccoli à table; celui qui arrive quand tout est construit...):

_Vincent/Montand: où tu en es avec ces examens, toi?

_Pierre/Robert: j'ai fini

_Vincent: qu'est ce que tu fais alors?

_Pierre: ben, rien

_Vincent: comment ça rien?

_Pierre: ben, je veux dire j'attends de faire quelque chose qui serve à quelque chose...pas travailler pour travailler...

_Jean/Depardieu: ...pour vivre, t'es bien obligé!

_Pierre/Jean-Denis Robert: ah oui, pour vivre, là, je travaille dans une boite...mais je fais rien...(ça peut pas durer)...c'est pas possible...faut que ça saute quelque part.