Totone ou l'optimisme : il faut cultiver notre Comté !

Je m'étonne que soit mise en ligne une critique qui voit là "des déchets humains lambdas" non dignes du moindre intérêt – cela ne semble pas du second degré ou raccourcis d'expression, mais un jugement désinhibé de classe, l’auteur précisant qu’il porte ce regard sur 80 % de ses concitoyens.

Sinon, écrire : « que l’on pourrait voir de prime abord comme des ‘’déchets humains" »

car en réponse je me hasarde à avancer que son commentaire pourrait être vu comme facho.

Alors oui, il y a dans le film des jeunes agressifs qu’on pourrait trouver bas du front et qui servent l’intrigue en tant que « méchants », tout en étant représentatifs d’une réalité sociale.

Je n’avais d’ailleurs pas au début du film un regard très charitable sur un fils qui laisse son père qui ne tient plus debout repartir de nuit en voiture… même pour lui épargner qu’il ressente que son fils (qui suit ses traces en ce domaine) le considère comme un alcoolique fini dans les deux sens du terme. Le film est d’un naturalisme social noir dans le premier tiers, en plein Zola ou références ultérieures.

Pour ce jeune qui aime déconner, préférant se faire appeler Totone, la vie bascule. Forcé de devenir responsable car soutien d’une petite vie encore plus fragile -Hugo cette fois (ce qui lui exclut le suicide, plan fausse piste poignant)… se révèle et se dépasse.

La force de caractère de ces "déchets humains", leur ténacité devant les épreuves, leur combativité dans tous les sens du terme, est remarquable et inspirante, et force le respect. Justement parce que ces non "cultivés" frustres au parler rare mais direct "on va pas chialer, sors toi les doigts du cul et fonce", démerdards -jusqu’à la trahison au service de la bonne cause, faisant fi de la légalité…- cultivent l'amitié, l’entraide. M’évoquant le Ken Loach de La part des Anges :pas son meilleur mais même franche générosité de regard sur les exclus. Ceux qui, dans les écritures, hériteront de la terre. En attendant il la défendent sacrément bien.


Eralde
8
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le 3 déc. 2024

Critique lue 40 fois

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