La violence est partout dans ce film qui dénonce une théocratie totalitariste et les engrenages qui vont conditionner les êtres et restreindre toute liberté individuelle. Les manifestations et leur répression sont effrayantes, oui, mais c’est la banalisation des mécanismes d’asservissement qui est le plus terrifiante.

Une des séquences particulièrement dérangeante, selon moi, est celle où la mère explique à ses filles qu’en raison du nouveau statut de leur père, de son métier « sensible », elles doivent être irréprochables, dans leurs paroles, leurs actes, leur image, leur conduite : ne rien mentionner des membres de la famille dans leur entourage ; pas de fréquentations douteuses, de sorties, stricte obédience vestimentaire, ne rien poster sur les réseaux sociaux.

La promotion du père signe la fin de leur vie de jeunes filles, prononce un arrêt de mort sociale, de mort de toute spontanéité, personnalité, vitalité… Condamnées à subir le destin auquel cette « promotion » les relègue, sans avoir rien choisi ni leur mot à dire, tenues même d’exprimer leur fierté et gratitude pour les « avantages » à venir, un lave vaisselle, un appartement plus grand, une chambre chacune… L’amie de la mère l’incitant à se voir bientôt femme de juge, ayant atteint le sommet de l’échelle sociale et de la félicité matérielle…

Une des séquences la plus dérangeante, selon moi, est celle où la mère explique à ses filles qu’en raison du nouveau statut de leur père, de son métier « sensible », elles doivent être irréprochables, dans leurs paroles, leurs actes, leur image, leur conduite : ne rien mentionner des membres de la famille dans leur entourage, pas de fréquentations douteuses, de sorties, stricte obédience vestimentaire, ne rien poster sur les réseaux sociaux, …. La promotion du père signe leur arrêt de mort sociale, de mort vitale… Condamnées à subir le destin auquel cette « promotion » les relègue, sans avoir rien choisi ni leur mot à dire, tenues même d’exprimer leur fierté et gratitude pour les « avantages » à venir, lave vaisselle, appartement plus grand, une chambre chacune… L’amie de la mère l’incitant à se voir bientôt femme de juge, ayant atteint le sommet de l’échelle sociale et de la félicité matérielle…

Dans tout film je suis d’abord sensible aux dilemmes éthiques et moraux des protagonistes. Jusqu’où défendre ses convictions ? Cet homme qui se réjouissait d’être promu enquêteur, qui découvre son tout premier jour qu’il a pris la place d’un homme ayant décliné de signer des condamnations à mort ordonnées par la hiérarchie… Si fier la veille, d’expliquer le soin de discerner la vérité dans chaque dossier, de croire ses qualités reconnues, qui part travailler et qui revient brisé…. Devoir se renier lui-même pour rester le soutien financier de sa famille, et garder son « honneur »… Son collègue ami le mettant en garde, comment naviguer habilement dans le système, désabusé mais semblant avoir depuis longtemps pris son parti des compromissions nécessaires.

Iman perd le sommeil d’expédier en quelques minutes des hommes à la mort par centaines….au nom de la « loi de Dieu ». Mais la disparition de de son arme de « service » Iman révèle la fragilité de sa propre position : sa femme ou une de ses filles aurait ainsi le pouvoir de tenir son destin à lui entre leur main, malgré la soumission quotidienne à l’ordre (autorité paternelle, maritale, sociétale… la peur des dénonciations, des condamnations…) ce père s’est ainsi vu condamné doublement, par une hiérarchie prête à le désavouer et à l’enterrer en prison, puis par sa famille qui parvient à saper son emprise et à l’enterrer (tant symboliquement que très prosaïquement).

La plus jeune qui « ‘prend les armes » deviendra l’instrument de libération de sa sœur et sa mère par l’utilisation d’un de ces mégaphone, leur mère ayant d’abord honni ces femmes faisant entendre leur voix, reniant leur conditionnement et trahissant leur éducation familiale et religieuse… Cette mère qui pourra hurlera un temps les slogans de liberté aux côtés de ses filles, libérée du joug marital. Ces femmes devant réinventer leur place et leurs options de vie. Aspiration de liberté des individus dans la famille, des citoyens dans la société … de tout un pays, dans une configuration géopolitique où la religion, le pouvoir et l’argent sont des instruments parmi d’autres… La voix et l’expression d’un cinéaste engagés…. De quel côté se situe la puissance et la force….


Eralde
8
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le 12 oct. 2024

Critique lue 6 fois

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