Une question simple en apparence résume mon ressenti final devant Les graines du figuier sauvage, film adulé par la presse occidentale pour son sujet poignant: est ce qu'un contexte est suffisamment fort pour masquer les défauts d'une œuvre, sous prétexte que celle-ci est importante et inédite. A quel moment doit-on cesser d'être exigeant pour louer un film qui, sur le plan purement cinématographique, est très limité et parfois raté.


Prenant à bras le corps les mouvements sociaux qui ont frappé l'Iran après la mort de Masha Amini en 2022, le film a l'ambition de critiquer le Régime tout en tournant dans un pays sous étroite surveillance.

Naturellement, le long-métrage prend alors place dans un huis clos afin que le tournage puisse se dérouler sans accroc et dans la plus grande discrétion.


De cette contrainte Les graines du figuier sauvage décide de jouer à fond ses cartes et oppose l'ancienne et la nouvelle génération en Iran, en présentant l'éclatement du cercle familial lorsque parents et enfants ne se comprennent plus et finissent par s'opposer.

Le père, fonctionnaire, est l'incarnation même du Régime: il rappelle en permanence les valeurs et les règles à suivre, alors que ses enfants interrogent les lois du pays.


Ce qui commence par être un drame intimiste se transforme malheureusement dans sa dernière partie en thriller spectaculaire et, disons le clairement, d'une bêtise affligeante.

Le cinéaste abandonne toute finesse, perd peu à peu confiance dans sa mise en scène jusque là cohérente, et nous offre un final grand guignolesque à la Shining. Le ton spectaculaire de la fin est, à mon sens, absolument pas du tout compatible avec le style contemplatif de Mohammad Rasoulof.


Les graines du figuier sauvage nous laisse alors dans un sentiment contradictoire: admiratifs devant le courage du réalisateur et des actrices, toutes impressionnantes, mais terriblement déçus face à une dernière demi-heure à coté de la plaque.

En somme, un long métrage osé mais bancal, audacieux mais fragile.


Une déception qu'on oubliera pas. Pour des bonnes et des mauvaises raisons.

Black-Beard
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le 13 oct. 2024

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Black Beard

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