Encore un premier film qui impressionne cette année.
Louise Courvoisier tourne dans son village natal et nous livre une première oeuvre pleine d'authenticité et de sincérité, en faisant appel à un casting exclusivement non professionnel.
C'est parce que la réalisatrice est elle-même originaire du Jura que le regard qu'elle porte sur ses personnages et le monde rural est plein de tendresse et jamais condescendant. Elle a manifestement à coeur que son territoire d'exploration ne devienne jamais un objet de fétichisation pour le cercle restreint de critiques de cinéma parisiens.
Les jeunes Clément Faveau et Maïwène Barthelemy impressionnent par leur naturel et leur énergie et il est important de souligner la finesse avec laquelle leurs personnages sont caractérisés. Un jeune homme fougueux, sur qui tout glisse en apparence mais avec une jolie sensibilité derrière la carapace. Une jeune femme pleine de détermination et de confiance, qui ose prendre les rennes, de sa sexualité notamment (après l'Amour Ouf et Leurs Enfants après Eux, c'est important de le souligner et cela fait du bien).
Si le scénario teinté de misère sociale pourrait laisser présager un cinéma à la Ken Loach, le film s'éloigne de tout pathos et de tout misérabilisme. Louise Courvoisier préfère opter pour un ton léger, optimiste, et, malgré la dureté et les épreuves de la vie, teinte son propos d'un espoir presque naïf, notamment lorsque Totone se met en tête de fabriquer le meilleur comté de la région.
T'as le look Coco, La Goffa Lolita, Pepas... la bande son se pare de tubes populaires pour venir coller parfaitement à l'ambiance des bals populaires.
Le film a toutefois les défauts de ses qualités : un peu inégal, parfois maladroit, souvent prévisible... mais c'est aussi pour toutes ses imperfections qu'il se révèle aussi charmant et touchant, à l'image de son héros.
Vingt Dieux s'impose comme l'un des meilleurs premiers films de 2024 et sera à coup sûr nommé aux prochains César dans cette catégorie, aux côtés des Fantômes et du Royaume, dont l'extrême rigueur formelle est pourtant à l'opposé de la fraicheur et du naturel de celui-ci.
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