D’origine Allemande, Kurt Neumann émigre vers les Etats-Unis dès la fin des années 20. À son actif, une filmographie plutôt bien fournie. Notamment une attrayante série de Tarzan avec Johnny Weissmuller et un Kronos du meilleur acabit. Avant de terminer en beauté, et de réaliser son ultime chef-d’oeuvre fantastique, La mouche noire, Kurt Neumann est surtout connu pour avoir tourné des séries B avec des moyens ridicules. Rocketship X-M, sorti en France sous le titre un peu grandiloquent de, 24 heures chez les Martiens, en est un bel exemple.
La course à l’espace entre les Etats-Unis et l’Union Soviétique n’a pas encore commencé, qu’ elle transparaît déjà dans l’industrie du cinéma américain ! Kurt Neumann est en concurrence directe avec George Pal pour la réalisation du premier Space Opera !
Rocketship X-M sort trois semaines environ avant la sortie de Destination… Lune, et le coiffe sur le fil ! Scénarisé en partie par un Dalton Trumbo blacklisté et non crédité, Rocketship X-M est un film mineur, un brin naïf, mais réellement attachant. Il met en scène ce qui sera le premier vol spatial habité. Malheureusement, une action en justice orchestré par George Pal oblige Kurt Neumann à changer la trajectoire de sa fusée, et à revoir son scénario. Ça ne sera plus la Lune, mais….Mars !
Bien sûr, les connaissances scientifiques et astronautiques de l’époque prêtent aujourd'hui à sourire. Par exemple, en guise de préparation physique les astronautes n'ont droit qu' a une simple prise de tension !!! Et que dire du compte à rebours….10 minutes avant le décollage, en pleine conférence de presse, nos astronautes en sont encore à répondre tranquillement par la plaisanterie, aux questions des journalistes !! Cool les gars, y rien qui presse… mais euh...la fusée va bientôt décoller...Faudrait pt'être y aller là !
Bien évidemment, on introduit dans l’équipe d’astronautes une charmante scientifique, histoire de pimenter un peu plus les relations à bord, et de fabriquer une jolie romance au clair de lune….
Reflet des mentalités de l’époque, qui confinent le plus souvent la femme à ses fourneaux, une misogynie de bon aloi s’impose naturellement, témoin ce croustillant dialogue entre les deux tourtereaux :
Elle : “Vous croyez que les femmes ne savent que cuisiner, coudre et élever des enfants ?”
Lui : “C’est déjà pas mal.”
Tous ces petits détails font évidemment le charme de ce film délicieusement rétro. Les séquences sur Mars, originalement filmées dans une belle couleur sépia, sont vraiment réussies. Avec une fin sidérante, et en filigrane, une réflexion sur l’apocalypse atomique, Rocketship X-M s'avère finalement un petit film bien sympathique.