Bienvenue chez Mac Gregor
A lire le synopsis de 'Violence des Echanges en Milieu Tempéré' on peut craindre le pire. Le spectateur s'imagine déjà assister à un film convenu où un jeune premier débarqué de Paris doit virer des gens dans une boite jusqu'au moment où il va s'éprendre d'une jeune défavorisée de cette boite et remettre en cause le système.
Heureusement, ce n'est pas exactement ce qui va se passer.
Le film marque d'abord par son exactitude et son réalisme. Des plans léchés et une photographie adaptée viennent étayer le propos du film, qui ambitionne de nous montrer les rouages d'un système. Il nous montre la restructuration d'une PME industrielle de province par un cabinet de conseil en organisation.
Or il se trouve que l'entreprise industrielle est magnifiquement bien décrite, qu'il s'agisse de ses enjeux, de son management, de ses employés ou de ses jeux de pouvoir. Plus encore, c'est le (joyeux) monde du conseil en organisation qui est extrêmement bien dépeint. De l'arrivée du jeune diplôme fraichement sorti de son école de commerce à son management en passant par les jeux de pouvoir internes ou le processus d'intégration dans la boite, le film est si réaliste qu'il ne peut avoir été écrit que par un infiltré. La nécessité de romancer le récit ne s'est pas faite au détriment du réalisme ou de la vérité.
L'effort de reconstitution du film est exceptionnel. Le nom de la boite d'audit (Mac Gregor, à mi chemin entre Mac Kinsey et Roland Berger), le portrait du "partner", la compétition en interne pour décrocher les meilleurs missions, la mission de dégraissage confiée au nouveau, les audits internes, la vie en hôtel de Province... vraiment, tout y est. Chapeau.
Loin de sombrer dans la facilité en adoptant un point de vue convenu ou consensuel avec des gentils et des méchants, le réalisateur fait le choix de laisser le spectateur dans sa position d'observateur. Libre à lui de se forger sa propre opinion. Et d'assister au processus qui fera du jeune diplômé un enfant de salaud potentiel ou un jeune loup. Après tout, qui a raison, la vieille France ou l'artisan du progrès?
Au final c'est l'ensemble du monde du travail qui en prend un coup, des jeunes premiers aux gueules cassées du monde du travail. Le tout sans position bien pensante. Et plus que jamais "Work Hard, Play Hard": le monde du travail appartient aux durs.
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